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Luxe et volupté

Paris
Philharmonie
03/02/2024 -  et 22, 23 (Leipzig), 26 (Hamburg), 28 (Luxembourg) février, 5 (Amsterdam), 9 (Wien) mars 2024
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Concerto pour violon en ré majeur, opus 35 – Symphonie n° 5 en mi mineur, opus 64
Leonidas Kavakos (violon)
Gewandhausorchester Leipzig, Andris Nelsons (direction)


L. Kavakos (© Marco Borggreve)


La venue désormais régulière de l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig est un moment attendu de la saison symphonique de la Philharmonie de Paris. Intégrée dans une tournée européenne passant par Hambourg, Luxembourg, Amsterdam, Essen et Vienne, elle était cette fois entièrement dédiée à Tchaïkovski. Un répertoire depuis longtemps pratiqué par cet ensemble prestigieux, initialement même sous la direction du compositeur russe en 1888 et surtout par quelques‑uns de ses directeurs musicaux notamment Kurt Masur, Herbert Blomstedt et Riccardo Chailly. Ce soir c’est le chef letton Andris Nelsons, directeur musical de l’ensemble depuis 2018, désormais prolongé au moins jusqu’en 2027 et excellent connaisseur de Tchaïkovski, qui est à la baguette.


Le Concerto pour violon est une des pièces les plus célèbres pour cet instrument. Composé classiquement de trois mouvements, il est quasiment interprété ce soir tel un concerto classique presque mozartien. Leonidas Kavakos en offre en effet une lecture sobre, droite mais efficace. L’intonation est très précise, la technique est naturellement superlative et la connexion avec le chef fonctionne. Le violoniste grec ne s’épanche pas plus que de raison. L’Andante permet de découvrir un orchestre vraiment somptueux, avec des bois qui chantent tout en délicatesse. L’Allegro vivacissimo réjouit autant qu’il séduit l’oreille. En bis, le violoniste grec offre deux extraits de la Première Partita de Bach, et c’est le second extrait (Double) qui charme le plus.


En seconde partie, place à la Cinquième Symphonie pour laquelle l’orchestre est rejoint par quelques cuivres et un contrebassiste supplémentaire. L’interprétation superlative d’un orchestre décidément somptueux et d’une élégance extrême est un bonheur de chaque seconde, qui plus est magnifié par la superbe acoustique de la salle Pierre Boulez. Les quatre mouvements si différents, bien que parcourus par un thème récurrent, sont magnifiquement caractérisés par la direction sobre mais d’une redoutable efficacité et toute de concentration d’Andris Nelsons. L’engagement de tous les musiciens est exceptionnel, à l’image de celui de son célèbre premier violon Sebastian Breuninger. Les cordes ont un son moelleux et riche, les bois sonnent avec une grande délicatesse, les cuivres sont puissants et précis sans étouffer les cordes. Les tempi sont justes sans jamais de rubato excessif. Certains moments sont littéralement suspendus : l’entrée du premier mouvement confiée aux clarinettes, le solo de cor qui débute le deuxième mouvement, d’une impressionnante maîtrise, les pizzicati en descente des cordes à la fin du troisième mouvement, la coda du quatrième mouvement tenue d’une main de fer par Andris Nelsons et dans laquelle le timbalier Tom Greenleaves se couvre de gloire. Un tonnerre d’applaudissements vient saluer cette interprétation de haute volée.


Ce Tchaïkovski à la fois beau, passionné, élégant et intense était ici servi par un orchestre et un chef en état de grâce. Un très grand concert.



Gilles Lesur

 

 

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