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Le pianiste et son public

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
01/28/2024 -  
Ludwig van Beethoven : Sonate pour piano n° 27, opus 90
Frédéric Chopin : Nocturne, opus 48 n° 2 – Fantaisie en fa mineur, opus 49
Johannes Brahms : Ballades, opus 10
Serge Prokofiev : Sonate pour piano n° 2, opus 14

Evgeny Kissin (piano)


E. Kissin (© Felix Broede)


Evgeny Kissin a donné « en matinée » au théâtre de l’avenue Montaigne un formidable récital, rendez‑vous désormais annuel pour un public fidélisé et inconditionnel.


Après les concerts du dimanche matin pour les lève‑tôt pourquoi pas ceux du dimanche après‑midi pour les couche‑tôt ? Excellente idée surtout en hiver ! On n’avait pas vu le fait au Théâtre des Champs‑Elysées depuis Vladimir Horowitz en 1985 (deux concerts à 15 heures 30). Il s’agissait alors de préserver le pianiste âgé de 81 ans, dont c’était un des derniers récitals publics. Il est vrai qu’une partie du public parisien d’Evgeny Kissin est à peine plus jeune mais du moins il s’agit d’un public attentif et discipliné. Pas de sonneries intempestives ni d’applaudissements entre les mouvements ni de conversations pendant la musique, à peine des toux, au contraire de ce qui est le quotidien des nouvelles salles de concert de la capitale, sans parler de ses théâtres lyriques...


Evgeny Kissin paraît aujourd’hui comme un outsider dans le paysage musical international. Présentation impeccable – smoking et nœud papillon, souliers vernis et tout sourire – quand tant de ses collègues et de chefs d’orchestre pratiquent un débraillé vestimentaire probablement plus confortable et des allures débonnaires voire hostiles. Il paraît étrange de parler de maturité pour ce musicien de 52 ans qui a été mature dès ses débuts internationaux à 16 ans. On ne peut que constater d’une année sur l’autre qu’il est d’une égalité constante et que chaque récital comme celui‑ci frise la perfection tant par son programme que par la qualité de la prestation.


Il débute par une courte sonate très mélodique de Beethoven, prise plutôt lentement, ce qui permet d’en savourer les nombreuses mélodies. Puis Chopin, et pas le plus facile, avec le long quatorzième Nocturne et la redoutable Fantaisie en fa mineur. Sonorité royale, phrasés magnifiques, le meilleur Chopin possible.


Après l’entracte, avec un autre morceau de résistance, les quatre Ballades de Brahms, il fait un peu ferrailler le piano (pourtant longuement accordé pendant la pause, comble d’ironie) mais on ne se souvient pas d’avoir entendu dans la quatrième la modernité d’écriture exposée avec autant de clarté. Puis le virtuose montre ses doigts avec la Deuxième Sonate de Prokofiev et son redoutable dernier mouvement aux allures de toccata.


Y a‑t‑il encore beaucoup de pianistes aujourd’hui à qui des dames portent des roses à la fin du concert et qui pour chacune a une écoute et des mots aimables ? Avec une Mazurka de Chopin, une Marche de Prokofiev et une Valse de Brahms, Evgeny Kissin résume un concert duquel on sort sur un petit nuage.



Olivier Brunel

 

 

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