About us / Contact

The Classical Music Network

Lausanne

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

La fidélité à l'épreuve de la TV

Lausanne
Opéra
01/28/2024 -  et 31 janvier, 2, 4 février 2024
Wolfgang Amadeus Mozart : Così fan tutte, K. 588
Arianna Vendittelli (Fiordiligi), Wallis Giunta (Dorabella), Robert Gleadow (Guglielmo), Pavel Petrov (Ferrando), Marie Lys (Despina), Ruben Amoretti (Don Alfonso)
Chœur de l’Opéra de Lausanne, Diego Fasolis (préparation), Orchestre de Chambre de Lausanne, Diego Fasolis (direction musicale)
Jean Liermier (mise en scène), Jean-Philippe Guilois (assistant à la mise en scène), Rudy Sabounghi (décors et costumes), Cécile Kretschmar (postiches et barbes), Jean-Philippe Roy (lumières)


(© Jean-Guy Python)


L’Opéra de Lausanne a eu l’heureuse idée de reprendre la production originale et inventive de Così fan tutte étrennée en octobre 2018, dans laquelle Don Alfonso est le producteur d’une émission de téléréalité intitulée La scuola degli amanti (qui est le sous‑titre de l’opéra). Devant des milliers de téléspectateurs avides et curieux, Ferrando et Guglielmo doivent mettre à l’épreuve la fidélité de leurs fiancées respectives en direct. L’intrigue se déroule sur un plateau de télévision, sur lequel s’affairent de nombreux techniciens (scripts, cameramen, perchistes), avec force écrans, caméras et projecteurs complétant le décor. A la fin du tournage, les téléspectateurs doivent décider eux-mêmes si les couples originaux doivent être reformés ou si ce sont les « seconds » couples qui doivent rester tels quels, ce qui déclenche d’énormes éclats de rire dans la salle. Le metteur en scène Jean Liermier a repris son spectacle avec le même bonheur qu’il y a cinq ans. Le concept est intelligent et parfaitement cohérent de bout en bout : tout s’enchaîne parfaitement à un rythme soutenu, sans le moindre temps mort. Et comme il y a cinq ans, on admire la direction d’acteurs extrêmement fouillée.


Le second grand motif de satisfaction vient de la fosse. A la tête de l’Orchestre de Chambre de Lausanne, Diego Fasolis offre une lecture musicale précise et raffinée, avec des tempi plutôt étirés, privilégiant les couleurs sombres et chaudes, qui confèrent une certaine mélancolie au spectacle, laissant clairement entendre dès le début que la comédie va aussi se parer de reflets amers. La distribution vocale est, quant à elle, plutôt inégale : comme il y a cinq ans, elle est clairement dominée par Despina, incarnée cette fois par Marie Lys. Avec son incroyable abattage scénique et son énergie, chacune de ses apparitions est un vrai bonheur, que ce soit en servante, en médecin ou en notaire. La voix n’est pas en reste, homogène, puissante et lumineuse. Ruben Amoretti est un Don Alfonso particulièrement désabusé et cynique, au registre grave impressionnant. En Fiordiligi, Arianna Vendittelli fait forte impression avec sa voix agile et rayonnante et son chant nuancé, malgré parfois des vocalises un peu scolaires. Comme il y a cinq ans, on est séduit par la présence scénique et le timbre sonore de Robert Gleadow en Guglielmo. Les deux autres amoureux sont, eux, une déception : Pavel Petrov (Ferrando) en raison d’un timbre nasal et engorgé et Wallis Giunta (Dorabella) en raison d’une émission un peu dure et métallique, qui donne à ses aigus des airs de cri. Au rideau final, le public fait une ovation à tous les artisans du spectacle.



Claudio Poloni

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com