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Offertorium

Paris
Philharmonie
01/26/2024 -  
Serge Rachmaninov : L’Ile des morts, opus 29 – Danses symphoniques, opus 45
Sofia Goubaïdoulina : Offertorium

Renaud Capuçon (violon)
Orchestre philharmonique de Radio France, Jukka‑Pekka Saraste (direction)


J.‑P. Saraste (© Felix Broede)


Jukka-Pekka Saraste est un chef finlandais au parcours prestigieux, de Toronto à Helsinki en passant par Oslo et Cologne, régulièrement invité par les orchestres parisiens. Beau programme que celui proposé ce soir devant une salle Pierre Boulez pleine associant deux pièces de Rachmaninov, l’une célèbre, les Danses symphoniques, l’autre moins, L’Ile des morts, même si l’année Rachmaninov (1873‑1943) est derrière nous, et aussi Offertorium de la compositrice russe vivant en Allemagne Sofia Goubaïdoulina (née en 1931).


En première partie, L’Ile des morts ne livre pas ce soir toute sa magie sans doute avant tout du fait d’une direction rigide qui semble comme brider l’orchestre. La battue droite et étonnamment symétrique de Jukka‑Pekka Saraste souligne certes l’architecture de la musique mais sans la laisser respirer ni s’exprimer pleinement. Aux premiers rangs du parterre en tout cas, le son est compact et les plans sonores confus ce qui enlève de la lisibilité à cette partition de jeunesse déjà superbement écrite par Rachmaninov.


Place ensuite à Offertorium, une étonnante pièce avec violon solo, tenu ce soir par Renaud Capuçon. Créée dans les années 1980 par le violoniste Gidon Kremer, déjà invité à la donner à Radio France en mai 2023, cette pièce rend hommage à Bach (d’où le titre) mais aussi à Webern, tous deux admirés par la compositrice russe. Elaboré à partir du premier thème de L’Offrande musicale, ce concerto pour violon qui déconstruit pour mieux reconstruire trouve ici des interprètes à la hauteur de l’enjeu musical et spirituel de l’œuvre. Le violoniste français, d’emblée extrêmement concentré, réussit même à donner l’impression de survoler cette pièce comme si elle était aisée. Il n’en est évidemment rien tant l’écriture, le rythme et parfois la liberté donnée à l’interprète sont d’une grande complexité. La battue de Jukka‑Pekka Saraste, plus en situation ici, permet au Philharmonique de Radio France d’être à la fois précis et juste.


En fin de programme, les Danses symphoniques, dernière œuvre orchestrale du compositeur russe créée à Philadelphie en 1941 par Eugene Ormandy, sont plus abouties que L’Ile des morts donnée en première partie. Dans le premier mouvement, le solo de saxophone alto de Cédric Carceles (dont le nom ne figure pas dans le programme) est particulièrement réussi. Le deuxième mouvement, sombre valse qui fait penser à Ravel voire à Sibelius, charme autant qu’il impressionne par la précision et la qualité de l’orchestre. Les interventions ciselées des bois et celles précises des cuivres concourent à un beau climat initialement nostalgique avant la rupture finale qui annonce le final. Le dernier mouvement plus spectaculaire est mené avec énergie et rythme mais sans éviter un côté spectaculaire qui plaît au public mais semble parfois un peu extérieur et artificiel.


Un concert inégal donc mais qui a surtout marqué par cet étonnant et fascinant Offertorium, qui sans aucun doute a sa place aux cotés des grands concertos pour violon de la seconde partie du XXe siècle.



Gilles Lesur

 

 

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