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Adriana Netrebko

Paris
Opéra Bastille
01/16/2024 -  et 19*, 22, 25, 28, 31 janvier, 4, 7 février 2024
Francesco Cilea : Adriana Lecouvreur
Anna Netrebko*/Anna Pirozzi (Adriana Lecouvreur), Yusif Eyvazov*/Giorgio Berrugi (Maurizio), Ekaterina Semenchuk*/Clémentine Margaine (La Principessa di Bouillon), Sava Vemic (Il Principe di Bouillon), Ambrogio Maestri (Michonnet), Leonardo Cortellazzi (L’Abate di Chazeuil), Alejandro Balinas Vieites (Quinault), Nicholas Jones (Poisson), Ilanah Lobel-Torres (Madamigella Jouvenot), Marine Chagnon (Madamigella Dangeville), Se‑Jin Hwang (Un maggiordomo)
Chœur de l’Opéra national de Paris, Alessandro Di Stefano (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra national de Paris, Jader Bignamini (direction musicale)
David McVicar (mise en scène), Charles Edwards (décors, costumes), Brigitte Reiffenstuel (costumes), Adam Silverman (lumières), Andrew George (chorégraphie)


A. Netrebko (© Sébastien Mathé/Opéra national de Paris)


Inaugurée à Covent Garden en 2010, cette Adriana Lecouvreur entra à Bastille en 2015. La production de David McVicar est entièrement axée sur le théâtre, celui de la Comédie-Française, où règne l’héroïne, mais aussi celui d’une société en perpétuelle représentation : réalité et fiction se mêlent sans cesse au sein d’un décor tenant de la reconstitution historique. On a néanmoins connu l’Ecossais beaucoup plus inventif et sa direction d’acteur, ou plutôt celle de Justin Way, qui assure la reprise, semble trop sage, voire paresseuse dans la caractérisation de personnages très convenus.


Anna Netrebko s’est approprié le personnage d’Adrienne, à la fois « humble servante du Génie créateur » et amante passionnée. Certes l’aigu s’est amoindri, alors que le médium et le grave sonnent comme ceux d’une mezzo, mais la longueur du souffle, la maîtrise absolue de l’émission, avec des sons filés de rêve, le modelé de la ligne, suscitent l’admiration. Même s’il lui manque toujours l’art de creuser le mot, tel que l’illustrèrent une Magda Olivero ou une Renata Scotto, qui permet de restituer les mille nuances du rôle. A‑t‑elle en Yusif Eyvazov – monsieur à la ville, rappelons‑le – un partenaire à sa hauteur ? Pas vraiment : la voix reste un clairon nasal et il ne distille pas, loin de là, les mêmes séductions. Reconnaissons cependant que ce chant s’est affiné au fil des années, l’émission assouplie, le phrasé équarri, et qu’il n’ignore plus la demi‑teinte.


Celle qui fait jeu égal avec la soprano russe, c’est la mezzo biélorusse Ekaterina Semenchuk, au grave naturellement généreux, à l’aigu certes moins brillant que par le passé, Princesse de Bouillon très stylée dans ses fureurs jalouses, dès son entrée au deuxième acte. L’affrontement des deux rivales à la fin, devenues de vraies tigresses, est électrique. Michonnet, le vieux régisseur vouant à son étoile un amour éperdu et sans espoir, appelle en réalité un baryton Verdi en pleine santé, à la voix longue et au chant raffiné : Ambrogio Maestri en est un, qui compose un personnage finement dessiné. Assez discret au premier acte, l’Abbé de Chazeuil de Leonardo Cortellazzi prend ensuite de l’épaisseur en intrigant mielleux, alors que Sava Vemic donne beaucoup de relief au Prince de Bouillon, mari à la fois volage et jaloux.


La Force du destin avait révélé tout le talent de Jader Bignamini. Cette Adrienne Lecouvreur le confirme : direction aussi raffinée que théâtrale, oscillant avec bonheur, selon les moments, entre la légèreté et le tragique, authentique chef de fosse consentant à la diva des rubatos flatteurs.


Une fort belle reprise, donc, qui n’efface pas pour autant le souvenir de la version de concert proposée naguère par le Théâtre des Champs‑Elysées.



Didier van Moere

 

 

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