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Hommage au grand absent

Paris
Maison de la radio et de la musique
01/18/2024 -  
Peter Eőtvős : 13 Haïkus (création) – Egyedül – Concerto pour harpe (création) – Halleluja-Oratorium balbulum
Katharina Kammerloher (mezzo), Artavazd Sargsyan (tenor), Lambert Wilson (récitant), Xavier de Maistre (harpe)
Chœur de Radio France, Lionel Sow (chef de chœur), Maîtrise de Radio France, Sofi Jeannin (cheffe de chœur), Orchestre philharmonique de Radio France, Gergely Madaras (direction)


G. Madaras, X. de Maistre (© Christophe Abramowitz/Radio France)


Paris a rendu un vibrant hommage au compositeur hongrois Peter Eőtvős à l’occasion de son quatre-vingtième anniversaire, notamment Radio France, après la Philharmonie et un colloque à l’Ircam, avec un concert comportant trois créations. Le grand absent de ces commémorations aura été le compositeur lui‑même, retenu en Hongrie pour des raisons de santé. Il devait diriger ce concert que lui consacrait Radio France, avec l’Orchestre philharmonique au complet, le Chœur et la Maîtrise, et qui comptait trois créations, dont deux mondiales. C’est le jeune chef hongrois Gergely Madaras, collaborateur de Peter Eőtvős, directeur musical de l’Orchestre philharmonique royal de Liège, qui l’y a remplacé.


La pièce de résistance du concert était pour sûr Halleluja-Oratorium balbulum, une pièce de près d’une heure pour orchestre étendu à plusieurs instruments (célesta, piano, accordéon), chœur mixte, deux solistes vocaux et un récitant. Créé au Festival de Salzbourg en 2016 par les Wiener Philharmoniker, elle avait été un peu chahutée et avait déchaîné la critique. Elle a fait depuis une belle carrière car a été reprise par les principales phalanges européennes ainsi qu’en Australie et même enregistrée à Rome sous la direction d’Antonio Pappano (Wergo). Pour cette création française, on avait fait appel pour dire le texte de Péter Esterházy au comédien Lambert Wilson, pas toujours très audible notamment quand il parlait par‑dessus l’orchestre, et cela malgré la sonorisation. De même, du fait de leur positionnement trop frontal (l’orchestre occupait la majeure partie du podium et le chœur haut placé dans les gradins derrière la scène), les deux solistes n’étaient pas audibles dans toutes les parties de l’auditorium. Le texte ayant pour personnage principal le moine suisse Notker le Bègue, un bénédictin poète et maître du chant grégorien du VIIIe siècle, le style mi sacré mi profane souvent grandiloquent et prétendument humoristique narre le passé, le présent et l’avenir dans un mélange qui peut prêter plus à sourire qu’à la réflexion. Comédien convaincant et engagé, Lambert Wilson n’a pas réussi à nous convaincre et gommer le fait que ce texte paraît bien daté...


La partie orchestrale et surtout chorale de l’œuvre est indiscutablement au niveau des grandes œuvres lyriques d’Eőtvős, compositeur prolixe, de ses opéras Les Trois Sœurs, Le Balcon et Angels in America notamment. On admire dès les premières mesures son habilité à inclure le fameux « Oiseau Prophète » de Schumann dans le tissu orchestral, qui comporte tout au long de l’œuvre des citations de Bach, mais surtout des grands Alléluias de l’histoire de la musique que reprend le magnifique chœur préparé par Lionel Sow avec énormément de chaleur et conviction.


Très attendu aussi le Concerto pour harpe composé pour et interprété par Xavier de Maistre, qui se joue des énormes difficultés que lui a réservées le compositeur tout autant qu’à l’orchestre, avec une participation parfois excessive des vents et des bois dans une pièce qui se veut être un hommage à Maurice Ravel.


La partie la plus émouvante de cet hommage restera pour nous son début avec la Maîtrise de Radio France et son chef Sofi Jeannin, impeccable de technique, d’intonation de pureté vocale pour l’autre création mondiale (dédiée à cette Maîtrise), celle des 13 Haïkus pour chœur d’enfants, moment de grâce hélas ! trop court (l’œuvre dure 8 minutes) sur des textes du XVIIIe siècle souvent humoristiques et toujours poétiques. Cette prodigieuse chorale a ensuite repris le très court Solitude, une œuvre de style madrigalesque d’une très grande complexité d’écriture vocale, composée en 1956 et révisée en 2006 à la mémoire de Zoltán Kodály.



Olivier Brunel

 

 

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