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Festival Chamayou

Paris
Philharmonie
12/14/2023 -  
Franz Liszt : Deux Légendes, S. 175: 2. « Saint François de Paule marchant sur les flots »
Robert Schumann : Fantaisie, opus 17
Maurice Ravel : Gaspard de la nuit
Mikhaïl Glinka : L’Alouette (arrangement Balakirev)
Mili Balakirev : Berceuse – Mazurka n° 2 – Islamey

Bertrand Chamayou (piano)


B. Chamayou (© Marco Borggreve/Warner Classics)


Quel plaisir de voir la grande salle Pierre Boulez pleine à craquer pour un récital de piano. Il est vrai qu’à maintenant 42 ans, Bertrand Chamayou est un pianiste admiré et reconnu tout auréolé qu’il est de nombreuses récompenses. Récitaliste comme chambriste apprécié, il est également devenu au fil du temps un interprète recherché des concertos qu’il donne de par le monde avec les plus grands orchestres et les meilleurs chefs. Il est aussi depuis bientôt trois ans l’heureux et inventif directeur du Festival Ravel qui se tient à la fin de l’été au Pays basque.


Le programme de ce soir est typique du pianiste toulousain. Il débute par « Saint François de Paule marchant sur les eaux » de Liszt et son ambiance exubérante. Commencer par une telle pièce n’est sans doute pas aisé mais Bertrand Chamayou y est d’emblée magistral. Il est vrai qu’il est familier du compositeur, ayant notamment gravé il y a douze ans une magnifique intégrale des Années de pèlerinage qu’il joue souvent en concert. L’équilibre qu’il maintient durant toute la pièce est souverain et il parvient avec un sens inné de la construction à mettre en valeur ce mélange de lyrisme, d’énergie, de tension et de construction consubstantiel à cette puissante musique. Magnifique début de concert !


La Fantaisie de Schumann, dédiée à Liszt, est une pièce en trois mouvements que le compositeur demande de jouer « d’une manière fantasque et passionnée », puis « avec une énergie constante » et enfin « dans une sonorité constamment douce ». Cette variété de climats, Bertrand Chamayou la rend avec luminosité offrant un Schumann naturellement romantique et passionné mais aussi retenu, parfois nostalgique et souvent changeant. La réalisation pianistique est ici aussi éblouissante.


La seconde partie du concert débute par un Gaspard de la nuit anthologique d’une beauté plastique phénoménale. On sait Bertrand Chamayou familier de l’œuvre de Ravel gravée pour le disque en 2016. « Ondine » dégage un ineffable mystère, « Le Gibet » une ambiance morbide angoissante parfaitement rendue tandis que « Scarbo » inquiète autant qu’il intrigue. La réalisation, techniquement parfaite, est exemplaire, évidemment précise mais aussi juste et nuancée : un miracle. Une perfection à la fois technique et une expression musicale à un tel sommet sont très rares au concert.


La fin de ce récital comprend des pièces un peu plus atypiques de musique russe. La fameuse Alouette de Glinka, arrangée par Balakirev, est une brève pièce pleine de charme et de finesse, qui trouve ici encore un interprète hors pair à la fois technicien et poète délicat. Et le Liszt du début de ce programme n’est vraiment pas loin. Place ensuite à trois pièces de Balakirev, d’abord la Berceuse à la fine écriture mais à l’ambiance lourde dans sa partie centrale, véritable marche funèbre, puis la Deuxième Mazurka, référence assumé à Chopin, toute de délicatesse sous les doigts élégants de Bertrand Chamayou, avant la célèbre Islamey. Changement total d’ambiance ici avec cette fantaisie orientale virtuose menée sans aucun accroc avec une dextérité et une énergie virevoltante mais sans les excès dans lesquels il est aisé de s’égarer. Le public ne s’y trompe, réservant au pianiste toulousain un accueil triomphal.


Bertrand Chamayou offre ensuite à un public très enthousiaste et chaleureux rien moins que trois bis : une Pavane pour une infante défunte de Ravel de toute beauté, « Alborado del gracioso », tiré des Miroirs de Ravel, qui rappelle que Toulouse, au moins sous les doigts de Chamayou, n’est pas loin de l’Espagne, et pour finir en un clin d’œil à son actualité discographique, la Troisième Gymnopédie de Satie. A l’issue de ce récital fleuve, Bertrand Chamayou, souriant, détendu et en pleine forme, semble prêt à jouer toute la nuit. C’est d’ailleurs ce qu’il a sans doute fait prolongeant ce moment au Café de la musique par un après‑concert autour d’Erik Satie et John Cage. Quel artiste décidément unique !


On l’aura compris ce concert fut une soirée à marquer d’une pierre blanche. Nul doute que la prochaine apparition de Bertrand Chamayou à la Philharmonie de Paris, le 7 mars 2025 pour les cent cinquante ans de la naissance de Ravel, et qui sera entièrement dédiée à ce compositeur, le soit aussi.


Le site de Bertrand Chamayou


Le récital en intégralité sur le site de la Philharmonie :







Gilles Lesur

 

 

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