|
Back
Standing ovation Paris
Palais Garnier
12/08/2023 - et 9, 11, 12, 15, 16, 17, 19, 20, 21, 22, 23, 25, 26, 28, 29, 30, 31 décembre 2023
Gods and Dogs
Jiri Kylian (chorégraphie, décors, costumes, conception musicale), Dirk P. Haubrich, Ludwig van Beethoven (musique)
Joke Visser (costumes), Kees Tjebbes (lumières)
Stepping Stones
Jiri Kylian (chorégraphie), John Cage, Anton Webern (musique)
Michael Simon (décors, lumières), Joke Visser (costumes)
Petite mort
Jiri Kylian (chorégraphie, décors, lumières), Wolfgang Amadeus Mozart (musique)
Joke Visser (costumes)
Sechs Tänze
Jiri Kylian (chorégraphie, décors, costumes), Wolfgang Amadeus Mozart (musique)
Joop Caboor (lumières)
Stepping Stones : H. O’Neill, H. Marchand
(© Ann Ray/Opéra national de Paris)
Standing ovation pour le chorégraphe tchèque, qui revient à Paris où le Ballet de l’Opéra national de Paris (BOP) lui consacre pour cette fin d’année vingt représentations d’une pleine soirée au Palais Garnier.
Parmi les chorégraphes qui ont marqué la fin du siècle dernier et continuent de le faire, Jirí Kylián est un des piliers de cette génération qui, avec John Cranko, John Neumeier et Angelin Preljocaj, ont porté à des sommets une danse contemporaine riche de son passé classique et toujours nourrie d’une culture musicale et plastique très sophistiquée. A bientôt 77 ans, il vient régler quatre parmi la centaine de chorégraphies qu’il a signées dans le monde entier mais principalement au Nederlands Dans Theater (NDT), dont il a été le directeur artistique pendant trente ans (le BOP en a inscrit douze, dont deux commandes, à son répertoire), et vient saluer et se faire acclamer debout par une salle enthousiaste avec son éternelle silhouette de jeune homme et sa belle démarche de danseur.
La soirée s’ouvre par l’entrée au répertoire de Gods and Dogs, créé à La Haye en 2008 par la fraction 2 « jeunes » du NDT. Faisant se succéder des musiques électronique de Dirk Haubrich et chambriste de Beethoven, cette pièce virtuose à l’atmosphère quasi kafkaïenne, dansée dans des éclairages merveilleux de Kees Tjebbes, figure une poursuite nocturne dans laquelle interviennent beaucoup de participants. Il est fascinant de voir avec quel talent les jeunes danseurs du BOP s’approprient le vocabulaire si particulier de Kylián et excellent dans cette succession riche en pas de deux.
Stepping Stones, créé en 1991, à Stuttgart est entré au répertoire du BOP en 2001 et c’est toujours un bonheur de retrouver cette pièce virtuose pour quatre couples, qui fait intervenir plusieurs danseurs étoiles dont Hugo Marchand, Mathieu Ganio, Hannah O’Neill et Ludmilla Pagliero avec ses trois chats égyptiens et sa pyramide de Brancusi. Son substrat musical magnifique, qui convoque John Cage et Anton Webern, ajoute au caractère cérémoniel de cette pièce elle aussi magiquement éclairée.
Sechs Tänze (© Ann Ray/Opéra national de Paris)
Puis ce sont deux pièces emblématiques de Kylián qui achèvent la soirée et qui auraient intérêt à être enchaînées comme cela s’est fait aux Pays‑Bas. Toutes deux créées au Festival de Salzbourg par le NDT sont nourries du Mozart le plus contemplatif (les adagios des Vingt‑troisième et Vingt‑et‑unième Concertos pour piano (un peu défigurés par la sonorisation mal réglée) et humoristique avec les Six Danses allemandes. Déjà présentées à Paris mais faisant leur entrée au répertoire du BOP, Petite mort et Sechs Tänze illustrent tout ce que Mozart exprime dans sa musique, l’amour, la mort, la joie, la tristesse, l’humour la séduction, le grotesque et la désillusion Ce sont deux chefs‑d’œuvre absolus qui resteront probablement au firmament des chorégraphes du XXe siècle. Là encore, il faut saluer la jeune génération du BOP de danser avec autant de virtuosité, d’humour et d’entrain ces deux pièces, ces « sketchs » célèbres pour leurs robes à panier noires et leurs jeux d’épées qui s’achèvent dans des nuages de poudre à perruque et une pluie de bulles de savon pour la plus grande joie des spectateurs qui en sortent sur un petit nuage !
Olivier Brunel
|
