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Implacable

Liège
Salle philharmonique
11/18/2023 -  
Daniel Capelletti : Quintessences (création)
Dimitri Chostakovitch : Symphonie n° 5 en ré mineur, opus 47

Peter Van Tichelen, Arne Lagatie, Bernard Grodos, Martin Descamps (percussions), Geert Verschraegen (timbales)
Orchestre philharmonique royal de Liège, Gergely Madaras (direction)


(© Carole Kousis/OPRL)


Parmi les bâtiments d’exception liégeois figure l’ancienne salle des fêtes du Conservatoire royal, désormais dénommée Salle philharmonique, qui accueille le Philharmonique royal de Liège (OPRL) depuis sa rénovation en 2000. Doté de plus de 1 100 places, ce théâtre à l’italienne construit en 1887 impressionne par sa décoration intérieure, tout particulièrement les fresques monumentales (1954) d’Edgar Scauflaire, qui encadrent l’orgue en arrière‑scène. Mais plus encore que cet effet visuel harmonieux, c’est bien l’acoustique qui donne le frisson, à force de précision audible pour chaque pupitre, sans aucune saturation.


Le concert débute avec la création mondiale de la pièce pour timbales et percussions Quintessences (2020) de Daniel Capelletti (né en 1958) : il s’agit d’une commande pour fêter les 60 ans de l’OPRL, qui avait été ajournée par la pandémie. Initialement, cette œuvre en quatre brefs mouvements (environ 8 minutes au total) devait être donnée avec le Guide de l’orchestre à l’attention de la jeunesse de Britten. D’où l’impression d’une démonstration virtuose pour chaque instrument, en un mariage de bruitages expressifs et de scansions parfois débridées, mais qui reste malheureusement un rien anecdotique.


Curieusement, les spectateurs qui ont pu assister au même concert, la veille à Namur, ont pu bénéficier d’un programme sensiblement différent et autrement plus consistant, puisque le Deuxième Concerto pour piano de Prokofiev était donné en lieu et place de la création de Capelletti. Quoi qu’il en soit, on retrouve bien la Cinquième Symphonie (1937) de Chostakovitch pour les deux soirées, preuve s’il en était besoin des affinités de la formation avec la musique russe (voir notamment le précédent concert de l’OPRL consacré à cette même symphonie, en 2012).


A Liège, on retrouve Gergely Madaras (39 ans), directeur musical de la formation depuis 2019, qui s’est illustré lors des célébrations du bicentenaire de la naissance de César Franck, en exhumant son chef‑d’œuvre lyrique, Hulda (voir l’enregistrement édité cette année par le Palazzetto Bru Zane). Les premières notes de la plus célèbre symphonie de Chostakovitch nous ramènent au style épuré et classique de Madaras, qui avance sans se poser de questions, même s’il se montre un peu trop atone dans les parties apaisées. Cette lecture objective laisse peu de place au pathos, en un rythme bien soutenu par les forces de l’OPRL dans les tutti, où les bois se distinguent par leurs sonorités aériennes. Le mouvement le plus réussi est l’Allegretto, où chaque pupitre se détache distinctement, tout en laissant la place à quelques individualités plus marquées, en lien avec les intentions humoristiques du morceau. Le Largo voit Madaras étirer les tempi pour fouiller les détails, sans jamais perdre de vue l’architecture globale d’ensemble.


Cette proposition manque toutefois de mystère en privilégiant avant tout la mise en place, au bénéfice de la musique pure. Enchainé immédiatement, le dernier mouvement démarre sur des tempi dantesques, à même de créer une certaine excitation : celle‑ci retombe quelque peu face au refus de Madaras de mettre en relief les points d’orgue du mouvement. Le ralentissement progressif de cette course à l’abîme refuse le triomphalisme final, désormais glacial et intimidant, en lien avec les intentions voilées du compositeur.



Florent Coudeyrat

 

 

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