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Où est le public de demain ? Paris Philharmonie 11/15/2023 - Maurice Ravel : Shéhérazade
Camille Saint‑Saëns : Concerto pour piano n° 5, opus 103
John Dowland : Lachrimæ Antiquæ
Robert Schumann : Symphonie n° 2, opus 61 Alexandre Kantorow (piano)
Orchestre de Paris, Klaus Mäkelä (direction)
Pour la seconde fois en une semaine, le pianiste Alexandre Kantorow remporte un triomphe auprès du public de la Philharmonie de Paris. Cette fois avec l’Orchestre de Paris dirigé par Klaus Mäkelä.
Dans la grande salle de la Philharmonie, pour acclamer ce soir‑là deux stars du moment, se presse un public très nombreux et enthousiaste parmi lequel on peine cependant à distinguer, même dans les étages les plus hauts aux places les moins chères, ceux qui constitueront un public dans quelques années pour ces concerts symphoniques. Il est vrai que pour ce concert comme pour accompagner Leif Ove Andsnes en décembre, l’Orchestre de Paris était dirigé par son jeune directeur musical, le Finlandais Klaus Mäkela, et qu’au piano brillait pour la seconde fois en moins de huit jours le non moins jeune pianiste Alexandre Kantorow, Grand prix et Première médaille au Concours Tchaïkovski en 2019. Il nous a semblé que lors de son récital s’y rendait un public plus jeune.
Klaus Mäkelä commence par faire scintiller l’orchestre avec direction très précise, fluide et concentrée dans l’Ouverture de féerie Shéhérazade de Ravel. Ce n’est qu’un prélude orientaliste au plus complexe et riche Cinquième Concerto de Saint‑Saëns, dit « Egyptien ». Alexandre Kantorow déploie les longues phrases du premier mouvement avec une sonorité splendide et brille dans les traits de virtuosité parsemant cet Allegro animato qu’il maîtrise. De même, l’Andante est joué avec une élégance des phrasés et un chic de tempo tout à fait épatant. Mais, c’est dans le troisième mouvement (Molto allegro) en forme de toccata qu’il éblouit et bat à plates coutures tous les pianistes que l’on a pu entendre jusqu’alors au disque ou au concert dans cette œuvre. Virtuosité sans la moindre anicroche, précision diabolique, musicalité parfaite pour faire briller ces feux d’artifices digitaux que Klaus Mäkelä accompagne avec un soin infini mais en le couvrant à de multiples reprises, même il nous a semblé que l’Orchestre de Paris aurait pu à l’instar du pianiste donner plus de couleurs orientales à cette œuvre qui en est remplie.
Après le triomphe remporté dans ce concerto qui est un de ses chevaux de bataille, Alexandre Kantorow offre généreusement au public et à l’orchestre quasiment un récital avec la Sixième des Cançons i danses de Mompou et le long « Sonnet CIV de Pétrarque » de Liszt joués avec des trésors de couleur.
La seconde partie du concert enchaînait étrangement un court et méditatif Lachrimæ Antiquæ (1604) pour cordes seules de Dowland sans transition avec la Deuxième Symphonie de Schumann. Là encore, Mäkelä tire de son orchestre une précision quasi chirurgicale dans cette symphonie de facture très classique mais souvent l’habilité à diriger se fait au détriment de l’émotion qui ne se dégage pas assez de cette longue œuvre.
Le concert sur le site de la Philharmonie de Paris :
Olivier Brunel
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