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Talent aigu

Lausanne
Opéra
11/15/2023 -  
Arcangelo Corelli : Concerto grosso « Fatto per la notte di Natale », opus 6 n° 8
Georg Friedrich Haendel : Almira, HWV 1 : « Der Himmel wird strafen dein falsches Gemüt »  – Il trionfo del Tempo e del Disinganno, HWV 46a : « Lascia la spina » – Delirio Amoroso, HWV 99
Johann Pachelbel : Canon et Gigue
Franscesco Geminiani : Concerto grosso « La Follia », opus 5 n° 12

Samuel Marino (soprano)
Gabetta Consort, Andrés Gabetta (violon solo et direction)


S. Marino (© Olivier Allard)


La venue de Samuel Marino à Lausanne pour son premier concert était attendue avec impatience. Né au Venezuela en 1993, le chanteur s’est formé aux conservatoires de Caracas puis de Paris avant de bénéficier des conseils de Barbara Bonney à Salzbourg. Il a fait ses débuts scéniques au Festival de Halle en 2018 et ne cesse depuis d’étonner le public du monde entier par sa voix si particulière. Samuel Marino est un soprano. Ce n’est pas un contre‑ténor, car sa tessiture est bien plus aiguë, et ce n’est pas non plus un sopraniste, en ce sens que sa voix est parfaitement naturelle, sans stridences ni défaillances. L’entrée sur scène de l’artiste est déjà un spectacle en soi, immense sourire aux lèvres, bras levés au ciel, vêtu d’un pantalon de cuir rouge vif ainsi que d’une veste noire à paillettes et chaussé de très hauts talons. Samuel Marino affiche sans complexes sa personnalité transgenre.


Le premier air de la soirée, extrait de l’opéra Almira de Haendel, est une page des plus virtuoses. Au départ, Samuel Marino laisse tout simplement pantois, par sa voix diaphane et enfantine, ses pirouettes vocales, ses notes stratosphériques atteintes avec une facilité déconcertante, la brillance des suraigus, la longueur du souffle, son aisance et sa fraîcheur. On se dit qu’on partage peut‑être ce soir l’émerveillement du public qui écoutait le chant des castrats. A la longue cependant, le doute s’installe : la voix est petite et légère, au point d’être parfois couverte par un orchestre de douze musiciens, les couleurs sont limitées, la diction est très approximative, le ton monotone et le chant semble parfois bien maniéré. Ni le célèbre « Lascia la spina », plus élégiaque, ni la cantate Delirio Amoroso ne parviendront à effacer ces impressions. Lorsqu’il lance des imprécations, Samuel Marino fait même sourire, involontairement, tant sa voix enfantine de petit garçon trépignant d’impatience ne peut traduire la fureur et la rage. Il est vrai qu’à ces hauteurs‑là, il est difficile d’avoir une large palette expressive. Mais on se dit qu’on aurait tort de bouder son plaisir et on se laisse finalement emporter par la virtuosité et le charisme du chanteur, comme l’a fait le public lausannois, devant l’insistance duquel l’artiste a accordé deux bis (« Scherza in mar la navicella » extrait de l’opéra Lotario et « Piangerò la sorte mia » tiré de Giulio Cesare in Egitto, deux pages de Haendel). L’ensemble Gabetta Consort, sous la direction d’Andrés Gabetta (frère de la célèbre violoncelliste Sol Gabetta), a été un accompagnateur attentif et engagé.



Claudio Poloni

 

 

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