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En long en large Y’a d’la marge ! En large en long, Construisons ! Le chant des charpentiers (traditionnel)

Berlin
Staatsoper Unter den Linden
01/07/2000 -  et 14, 21 et 28 Janvier 2000
Albert Lortzing : Tsar et Charpentier
Klaus Häger (Pierre le Grand), Stephan Rügamer (Ivanov), Artur Korn (van Bett), Birgid Steinberger (Marie), Peter Klaveness (Lefort), Bernd Zettisch (Syndham), Gunnar Gudbjörnsson (Chateauneuf), Barbara Bornemann (la veuve Browe), Peter Bindzus (un officier), Uwe Arnold (un serviteur)
Margrit Steger/Uwe Wand (mise en scène), Peter Heilein (décors), Roselind Lindemann (costumes)
Orchestre de la Staatskapelle Berlin, choeurs du Staatsoper Unter den Linden, Sebastian Weigle (direction)

Malgré leur presse plutôt mauvaise dans les manuels d’histoire de la musique, les opéras comiques de Lortzing rencontrent toujours un franc succès en Allemagne. Ainsi vendredi dernier l’on ne trouvait plus un strapontin de libre à l’Opéra des Tilleuls, pour la reprise de ce spectacle créé il y a un peu plus de dix ans. À la différence des productions plus contemporaines de cette maison, où l’assistance est souvent plus clairsemée malheureusement. On se rappelle le jugement sans appel de Lucien Rebatet, pour lequel Lortzing " (...) [vulgarise] les clichés du romantisme à l’usage d’un public de petits bourgeois allemands qui est au niveau de leur musique ", et l’atmosphère plutôt peinturlurée du parterre laisse bien planer quelques doutes sur la suite de la soirée. Mais, à notre agréable surprise, ces doutes seront rapidement levés presqu’en même temps que le rideau. Sans évidemment prétendre au chef d’oeuvre, cette partition n’est en effet pas aussi fadasse qu’on veut bien nous le laisser croire, et le livret, histoire d’une méprise sur un chantier hollandais entre deux charpentiers dont l’un n’est autre que Pierre le Grand lors de son fameux voyage d’études clandestin, se laisse suivre avec un interêt plutôt soutenu. Lortzing, qui était comédien autant que compositeur (il fit notamment merveille à Vienne dans des pièces de Ferdinand Raimund), y fait preuve d’un talent certain pour les rôles de caractère et brosse en particulier un couple soubrette/ténor léger très réussi, dont le duo comique du troisième acte " Darf eine niedre Magd es wagen " est écrit avec une grâce toute mozartienne. Mais le personnage le plus intéressant est sans conteste le Bürgermeister van Bett, gigantesque basse bouffe pleine de vanité et d’arrogance (incarnée de surcroît par un excellent chanteur), et dont le bagou dans " O Sancta Justitia " n’a rien à envier à celui de Bartolo ou de Dulcamara. Pour l’occasion, le metteur en scène l’avait affublé d’un sbire muet et chétif sur lequel il pouvait déverser toute sa loghorrée, ce qui n’allait pas sans effets comiques. Malgré des décors en toile lessivable de chez Baumarkt assez quelconques, l’ensemble de cette production ne laisse d’ailleurs pas de convaincre par sa simplicité et sa fraîcheur. Le clou de la soirée est assurément le ballet russe au troisième acte, dansé par un groupe d’adolescents en sabots tout à fait gracieux. Un peu mou au début, Sebastian Weigle trouve assez vite la mesure de cette musique guère flatteuse pour l’orchestre, et fait sonner la Staatskapelle Berlin (dont il est chef assistant) avec une belle précision. Tout le monde chante d’ailleurs de mieux en mieux au fil de la soirée, en particulier le Tsar un peu fâché avec la justesse au premier acte, mais qui termine par un "air du sceptre" très émouvant. Une mention spéciale pour les choeurs, tous très impliqués et semblant beaucoup s’amuser. Le respectable parterre se déride, et quitte la salle dans une bonne humeur sans fond de teint.



Thomas Simon

 

 

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