About us / Contact

The Classical Music Network

La Roque

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Au pays des cigales

La Roque
Parc du château de Florans
07/24/2023 -  
Ludwig van Beethoven : Concerto pour piano n° 3, opus 37 – Symphonie n° 3 « Héroïque », opus 55
François-Frédéric Guy (piano)
Hong Kong Sinfonietta, Yip Wing‑sie (direction)


F.‑F. Guy, Y. Wing‑sie (© Valentine Chauvin)


C’est vers 21 heures 40, dans le troisième mouvement du Troisième Concerto de Beethoven, au moment où l’orchestre se lance dans un passage fugué repris ensuite par le piano, que la dernière cigale se tut. Jusqu’alors, l’œuvre avait été contrepointée par un immense concert d’insectes, comme seule la Provence peut en produire. On était au Festival de La Roque‑d’Anthéron. Concert ou pas, la nature s’y manifeste par un formidable crépitement de cigales jusqu’à ce que la nuit soit définitivement tombée. Les auditeurs font avec joie la part des choses. Cela fait partie de la singularité et du charme de cet extraordinaire festival.


Beethoven aurait certainement rêvé d’une telle symphonie pastorale. On était précisément, ce soir‑là, au milieu d’une intégrale des concertos de ce compositeur, étalée sur plusieurs concerts. Sur scène, le pianiste François‑Frédéric Guy se concentrait sur son clavier. Il donnait une interprétation robuste et inspirée du Troisième Concerto. Il « possédait » son œuvre. Il l’incarnait même. Sa complicité avec Beethoven est totale depuis de nombreuses années, se retrouvant même dans son physique et sa chevelure.


Il était accompagné par le Sinfonietta de Hong Kong. Cet orchestre joue de manière précise et lisse. Il n’a pas, bien sûr, le « poids » d’un orchestre allemand, ce qui ne l’empêche pas d’avoir du chic. Il est dirigé par une femme, Yip Wing‑sie, à qui la coiffure et le costume donnent une allure masculine.


Ce soir-là, on entendit aussi la Symphonie « Héroïque ». Même allure impeccable que dans le concerto. La cheffe dirigea à un temps le premier mouvement de la symphonie (qui est à trois temps), lui donnant une légèreté qui, à certains moments, faillit confiner à... la valse ! La Marche funèbre fut lente, douloureuse, mais sans gravité. Il y eut quelque chose de presque mozartien dans le scherzo et le final. En définitive, la symphonie fut plus élégante qu’héroïque. On ne l’apprécia pas moins. Le public l’écouta dans un silence recueilli. Le public et la nature. Car, à ce moment‑là, les cigales s’étaient définitivement tues.


Le site du Festival de La Roque‑d’Anthéron



André Peyrègne

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com