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Au revoir maestro ! Montpellier
Le Corum (Opéra Berlioz)
07/21/2023 -
Christian Frederik Emil Horneman : Aladdin
Hector Berlioz : Les Nuits d’été, opus 7
Arnold Schönberg : Pelleas und Melisande, opus 5
Karine Deshayes (mezzo-soprano)
Orchestre national de Montpellier Occitanie, Michael Schønwandt (direction)
M. Schønwandt (© Marc Ginot)
Même si la nouvelle direction entend le repenser, le Festival de Radio France Occitanie Montpellier, dont la trente‑huitième édition se déroule du 17 au 28 juillet, ne perturbe pas trop les habitudes de ceux qui s’y rendent pour la musique dite « classique ». L’Orchestre national de Montpellier, au même titre que l’Orchestre philharmonique de Radio France, continuera probablement à s’y produire au moins une fois – le contraire serait incompréhensible. Mais ce concert constitue le dernier de Michael Schønwandt en tant que chef principal de la formation montpelliéraine, comme l’annonce le directeur du festival, Michel Orier, à l’issue de ce concert. Pour rendre hommage au maestro, qui reviendra probablement, mais comme chef invité, le maire, Michael Delafosse, lui remet la médaille de citoyen d’honneur de la ville.
La prestation de l’orchestre lors de ce concert, diffusé, en direct, sur les ondes de France Musique, témoigne de l’excellent travail de fond effectué par le chef danois. La pièce introductive, la réjouissante ouverture de concert Aladin (1864) de Christian Frederik Emil Horneman (1840‑1906) rappelle le temps pas si lointain durant lequel le festival se donnait comme mission d’exécuter, lors des concerts du soir, de substantielles œuvres rares. L’orchestre joue avec précision et transparence, ce qui rend justice à la qualité de l’écriture de cette page plaisante qui évoque parfois Mendelssohn.
Les Nuits d’été (1840) de Berlioz complètent la première partie, avec Karine Deshayes qui demeure fidèle à sa réputation. La mezzo‑soprano chante, il est vrai, divinement les six parties de cette œuvre composée sur des poèmes de Théophile Gautier, et il faut saluer la probité artistique de cette artiste qui illustre une fois de plus la maîtrise de son art, au service des mots. Netteté, nuance, équilibre, plénitude, finesse, les qualités ne manquent pas. Cette interprète ne compte toutefois parmi les cantatrices les plus charismatiques, du moins à la présence la plus immédiatement saisissante. Mais sa sensibilité, sa technique, son timbre, son raffinement constituent autant de traits marquants de cette chanteuse qui confère à cette œuvre tout son relief poétique, en dépit d’une relative uniformité dans les couleurs vocales. Et l’orchestre se montre à la hauteur, partageant avec la soliste bien des mérites, comme la retenue et la précision.
Des musiciens supplémentaires rejoignent la scène de l’Opéra Berlioz pour Pelléas et Mélisande (1905) de Schönberg, probablement le moment le plus passionnant de cette soirée, et ceci pour de multiples raisons. Outre la puissance narrative et évocatrice de ce colossal poème symphonique, admirablement traduite par le chef, la rigueur et la plénitude de l’orchestre constituent un grand motif de satisfaction. Conciliant équitablement analyse et expression, Michael Schønwandt obtient de tous les pupitres un niveau de jeu individuel et collectif de haut niveau, dense, sans paraitre lourd, et toujours captivant ; les cuivres, en particuliers, sonnent avec profondeur, mais les autres pupitres ne manquent pas de séduire par la beauté de leurs sonorités. Le chef peaufine les contrastes, dose la puissance, imprime une dynamique, voire une impulsion, admirable. A l’issue de ce grand moment de partage et de communion, un signe ne trompe pas : même les musiciens accordent de chaleureux et longs applaudissements à ce chef au savoir‑faire incontestable.
Le site de l’Orchestre national de Montpellier Occitanie
Sébastien Foucart
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