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Moelleux et ronronnant

Vienna
Staatsoper
05/17/2023 -  et 20, 23*, 26 mai2023
Gaetano Donizetti : Don Pasquale
Michele Pertusi (Don Pasquale), Josh Lovell (Ernesto), Michael Arivony (Malatesta), Brenda Rae (Norina), Jack Lee (Un notaro)
Chor der Wiener Staatsoper, Martin Schebesta (chef de chœur), Orchester der Wiener Staatsoper, Frédéric Chaslin (direction musicale)
Irina Brook (mise en scène), Noëlle Ginefri‑Corbel (décors), Sylvie Martin‑Hyszka (costumes), Arnaud Jung (lumières), Martin Buczko (chorégraphie)


(© Wiener Staatsoper/Michael Pöhn)


Une soirée de répertoire sans histoire. L’Opéra d’Etat de Vienne reprend Don Pasquale (1843) dans la mise en scène d’Irina Brook, créée en 2015 et remontée déjà l’année suivante. Sans histoire, mais aussi sans enjeu : les chanteurs et l’orchestre exécutent rondement et confortablement l’ultime opéra bouffe de Donizetti, qui, dans cette production, se déroule dans un bar ou un night‑club. Une fois le gérant, Don Pasquale, marié à Norina, cette dernière apporte sa touche personnelle à la décoration : adieu ce vert déprimant, voici du rose pimpant, jusqu’à la nausée. L’évolution des couleurs constitue le principal trait marquant de cette scénographie dépourvue de superflu et dans l’esprit de l’œuvre, le dernier acte étant celui qui attire le plus l’attention par sa fantaisie et son lumineux chatoiement.


Pour le reste, lors de cette quarante‑deuxième représentation, si tout paraît parfaitement rodé, les interprètes semblent en roue libre, tendent à surjouer, voire à cabotiner, dans un esprit bouffe bien respecté, toutefois. Il manque à cette énième reprise, de toute évidence, une direction d’acteur plus soutenue, plus subtile, plus intense, afin d’éviter ces postures, mimiques et autres gestuelles superflues ou sans beaucoup de sens, mais les plus conservateurs apprécieront cette lecture divertissante, lisible et transparente. Un tel ouvrage, finalement assez intimiste, avec ses quatre personnages, car le notaire compte à peine, ne s’épanouirait‑il pas davantage dans une salle moins vaste ? Les voix, en effet, tendent à se perdre dans ce grandiose écrin, et le plateau semble vraiment immense.


La distribution assure la réputation de la prestigieuse institution. Un Michele Pertusi en bonne forme reprend routinièrement un rôle qu’il connaît parfaitement. Son Don Pasquale affiche suffisamment de verve comique, d’abattage et d’agilité, de prestance vocale, également, la nature bouffe du personnage ne devant pas conduire à en négliger le phrasé, mais sa respectable prestation laisse trop l’impression de ne pas traduire tout le potentiel théâtral de ce personnage. Malgré sa virtuosité dans le chant syllabique, lors du duo avec Don Pasquale, Michael Arivony parait un peu trop jeune, voire inexpérimenté, pour Malatesta. Mais le baryton malgache révèle un talent certain pour la scène, chante avec soin, et parvient à exister par son charme et sa gouaille naturels à côté d’une pointure comme Pertusi.


Pour Norina, il faut bien une voix comme celle de Brenda Rae, légère, colorée, capable tout à la fois de virtuosité, de fermeté, de caractère. Cette prestation convainc aussi grâce au talent d’actrice et à la belle présence de la soprano américaine. L’Ernesto de Josh Lovell n’affiche pas moins de qualités de timbre et de justesse. Sans doute paraît‑il trop introverti en regard de cette Norina au fort tempérament, mais la finesse et la sensibilité de ce ténor ne manque pas de séduire. Membre de l’Opéra Studio, Jack Lee a tout juste le temps d’effectuer un numéro de bouffe en notaire maladroit et ridicule.


Sans surprise, la fosse procure la plus grande satisfaction de la soirée. Un orchestre d’élite, décidément infaillible, y officie, sous la direction experte et inspirée de Frédéric Chaslin, qui sait comment faire pétiller cette musique avec grâce. Les musiciens attirent constamment l’attention par leur jeu net et moelleux, tout en transparence et en finesse. Le chœur ne déçoit pas non plus, précis et uni dans le fameux passage que Donizetti lui a consacré dans sa savoureuse partition.



Sébastien Foucart

 

 

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