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Pyramide de cendre

München
Nationaltheater
05/15/2023 -  et 18, 21, 24, 28 mai, 1er, 4, 7 juin, 23, 27, 30 juillet 2023
Giuseppe Verdi : Aida
Elena Stikhina (Aïda), Brian Jagde (Radamès), Anita Rachvelishvili (Amneris), Alexander Köpeczi (Ramfis), George Petean (Amonasro), Alexandros Stavrakakis (Le Roi), Andrés Agudelo (Un prêtre), Elmira Karakhanova (Une prêtresse)
Chor der Bayerischen Staatsoper, Johannes Knecht (chef de chœur), Bayerisches Staatsorchester, Daniele Rustioni (direction musicale)
Damiano Michieletto (mise en scène), Paolo Fantin (décors), Carla Teti (costumes), Alessandro Carletti (lumières), Thomas Wilhelm (chorégraphie), rocafilm (Vidéo), Katharina Ortmann, Mattia Palma (dramaturgie)


B. Jagde, E. Stikhina (© Wilfried Hösl)


Nous vivons dans un monde en guerre. Il est probable que cette nouvelle production d’Aïda a été programmée avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie mais comment ne pas penser à la situation actuelle pour cet opéra qui parle de soldats victorieux comme de vaincus tout autant que d’amour et de passion.


Les options choisies par Damiano Michieletto sont assez « habiles ». Le décor représente le type d’école reconverti en camp de réfugiés que l’on ne voit maintenant que trop souvent. Les costumes sont modernes et il n’est pas vraiment possible de savoir qui sont vainqueurs et perdants. Plusieurs scènes de ballet sont exécutées par des enfants. La marche triomphale se transforme en une vidéo antimilitariste. Le décor pour la deuxième partie est une grande pyramide de cendre, thème évoqué à plusieurs reprises. Enfin, la scène finale présente les deux protagonistes accompagnés par un défilé un peu onirique à la Fellini, où se retrouvent Aïda jeune et son père...


Tout cela n’est pas sans intelligence même si la direction d’acteur est moins intéressante que le concept et surtout que l’on ne peut s’empêcher de penser que le texte et l’histoire de cet opéra ne sont pas du même niveau que le saisissant Guerre et Paix présenté récemment sur cette même scène. Plus d’une fois, la comparaison fait penser que nous sommes passés de Tolstoï à une psychologie de roman‑photo.


Mais le niveau musical est de très haut niveau. Dans le rôle‑titre, Elena Stikhina, qui l’a chanté à Salzbourg l’an dernier, démontre à nouveau son grand talent. Le timbre est clair avec une belle dynamique. Elle trouve de superbes phrasés et il se dégage une émotion très réelle de son chant. A ses côtés, Brian Jagde est un Radamès éclatant. Ses aigus forte ont beaucoup de puissance. Il gagnerait à utiliser ses moyens pour travailler un peu plus certaines nuances plus piano et son phrasé mais voici une prestation de ténor avec l’italianité que demande le rôle.


Anita Rachvelishvili a le volume sonore et les graves qu’on lui connaît même si elle est un peu à la peine dans le registre aigu dans la première partie. Alexander Köpeczi a une profondeur de timbre superbe. George Petean en Amonasro et Alexandros Stavrakakis dans le rôle du Roi sont irréprochables mais un peu plus neutres.


Le grand triomphateur de cette soirée est dans la fosse. Daniele Rustioni nous démontre à quel point la musique de Verdi est d’une grande subtilité. Les tempi sont vifs mais en aucun cas précipités, ce qui permet de développer le phrasé et de souligner l’architecture de la ligne musicale de Verdi. Orchestre et chœurs ont couleurs, force et dynamique. Chaque première souffre usuellement de quelques imprécisions qui disparaissent au fur et à mesure des représentations. Ce n’était pas le cas ici et le niveau musical était simplement très élevé.



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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