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Mercadante en première allemande

Frankfurt
Oper
02/26/2023 -  et 5, 11, 15, 18, 25 mars, 2, 8* avril 2023
Saverio Mercadante : Francesca da Rimini
Anna Nekhames (Francesca), Kelsey Lauritano (Paolo), Theo Lebow (Lanciotto), Erik van Heyningen (Guido), Karolina Bengtsson (Isaura), Jonathan Abernethy (Guelfo), Gabriel Wanka, Annalisa Piccolo, Bernardo Ribeiro (danseurs)
Chor der Oper Frankfurt, Tilman Michael (chef de chœur), Frankfurter Opern- und Museumsorchester, Ramón Tebar (direction musicale)
Hans Walter Richter (mise en scène), Johannes Leiacker (scénographie), Raphaela Rose (costumes), Jan Hartmann (lumières), Gabriel Wanka (chorégraphie), Mareike Wink (dramaturgie)


T. Lebow (© Barbara Aumüller)


Présenté en première allemande à l’Opéra de Francfort, Francesca da Rimini a joué de malchance depuis l’échec de la création de l’ouvrage, prévue à Madrid en 1830 (où l’ouvrage a été récemment retrouvé), ne parvenant pas ensuite à être accueilli ailleurs, notamment à Milan. Repéré par Rossini, avec lequel il n’a que trois ans d’écart, Saverio Mercadante (1795‑1870) remporte de grands succès en Italie au début des années 1820, avant de faire carrière à Vienne, puis dans la péninsule ibérique. De belle facture, la musique de ce petit maître du bel canto rappelle celle de ses cadets Donizetti et Bellini, mais échoue à surprendre, en se fondant dans le moule classique des formes attendues en son temps. La faiblesse de cette Francesca da Rimini tient surtout à son livret famélique, qui réduit le drame au seul trio constitué par deux frères amoureux d’une même femme, Francesca. C’est bien peu pour tenir la durée conséquente de l’ouvrage, d’environ trois heures de musique, qui étire les situations jusqu’à plus soif, en étant de surcroît privé d’action.


On doit au festival de la Vallée d’Itria, dans les Pouilles (région dont est originaire Mercadante), la première mondiale de l’ouvrage en 2016 (voir le compte rendu du DVD de cette production), avant la reprise à Erl et ici même, cette fois dans une mise en scène confiée à Hans Walter Richter. C’est là l’occasion de retrouver le travail d’un collaborateur régulier à Francfort, qui a notamment monté Le Medium de Menotti en 2019, avec les jeunes pousses de l’Opéra Studio. Essentiellement fondée sur la superbe scénographie en noir et blanc de Johannes Leiacker, magnifiée par des éclairages variés, la mise en scène nous plonge d’emblée dans le drame en rétrécissant le champ d’action des protagonistes, tous regroupés autour du lit de l’héroïne : c’est là le lieu symbolique des attentes de ses soupirants, qu’escalade maladroitement le mari Lanciatto, déjà assailli par les doutes en début d’ouvrage. Tout au long du spectacle, Richter tente de muscler l’action, au moyen d’une direction d’acteur volontiers virile dans les scènes de tension, tandis que plusieurs évocations oniriques en arrière‑scène donnent à voir des doubles des protagonistes. Un travail convaincant, proche de Christof Loy, mais qui ne peut tout à fait masquer les redondances de l’ouvrage, bien longuet en fin de compte.


Le plateau vocal réuni montre un bon niveau global, jusque dans le moindre second rôle. Ainsi de la Francesca d’Anna Nekhames, qui fait oublier une technique parfois audible dans l’effort, notamment un suraigu étroit, par une émission plus charnue sur le reste de la tessiture. Sa composition dramatique donne une belle intensité à son rôle, mais c’est davantage Theo Lebow (Lanciotto), qui impressionne en ce domaine, à force de morgue et de naturel dans l’abattage scénique. Malgré un léger vibrato dans les parties difficiles, ce pilier de la troupe de l’Opéra de Francfort depuis 2016, donne beaucoup de plaisir tout du long. On aime aussi la fraîcheur de timbre et la belle ligne souple de Kelsey Lauritano (Paolo), à qui ne manque qu’un soupçon de puissance pour nous emporter dans la fureur. Bien soutenue par un chœur toujours engagé et précis, l’offre vocale est l’atout maître de ce spectacle, de même que la direction dynamique de Ramón Tebar : le chef espagnol n’a pas son pareil pour secouer la musique de Mercadante dans les passages verticaux, à même de lui donner davantage de relief. Il sait aussi s’apaiser pour faire preuve de délicatesse, notamment dans les délicieuses interventions concertantes de la harpe, souvent sollicitée pour soutenir les atermoiements de l’héroïne.



Florent Coudeyrat

 

 

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