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Trio de violoncelles et de compositeurs à l’Orchestre de Paris

Paris
Salle Pleyel
03/20/2002 -  et 21 mars 2002

Krzysztof Penderecki : Concerto grosso pour trois violoncelles et orchestre (création française)
Serge Prokofiev : Concerto pour piano n° 5, opus 55
Dimitri Chostakovitch : Symphonie n° 1, opus 10


Emmanuel Gaugué, Eric Picard, François Michel (violoncelle), Yefim Bronfman (piano)
Orchestre de Paris, Christoph Eschenbach (direction)


Créé en juin dernier à Tokyo sous la direction de Charles Dutoit, avec Boris Pergamenchikov, Truls Mork et Han-Na Chang en solistes, le Concerto grosso (2000) de Krzysztof Penderecki est, c’est le moins que l’on puisse dire, écrit pour une formation inhabituelle : trois violoncelles et un orchestre. D’un seul tenant et d’une durée de près trente-cinq minutes, cette pièce, si son titre ainsi que son allure composite et narrative évoquent Schnittke, fait alterner de sombres méditations (Chostakovitch), des effusions lyriques (Brahms) et des marches grotesques (Nino Rota). Pour cette création française, les parties de violoncelle sont tenues avec conviction par les trois premiers pupitres de l’Orchestre de Paris et, en guise de bis, l’autre Christoph (Eschenbach), passe de la direction au piano pour accompagner successivement chacun des solistes dans les Trois pièces pour violoncelle et piano de Webern. Difficile de concevoir un contraste plus saisissant, ne serait-ce que dans l’opposition entre le caractère exhaustif du discours, d’un côté, et la concision, de l’autre.


Moins fréquenté que les trois premiers, formé de cinq mouvements (dont un seul dans un tempo lent), le Cinquième concerto pour piano (1932) de Prokofiev n’en réserve pas moins de beaux moments d’émotion dans le larghetto, tandis que l’on reconnaît ailleurs le style tonique, percussif et narquois, caractéristique du compositeur dans les années 1920. L’écriture orchestrale y est constamment d’une grande subtilité, qui impose la recherche permanente d’un équilibre avec le piano, sans parler des nombreuses chausse-trappes que réserve la mise en place. Dans ces conditions, l’interprétation de Yefim Bronfman, qui possède le punch et la nervosité requises tout en sachant au moment opportun s’effacer ou produire des sonorités délicates, n’appelle que des éloges. La puissance de la progression qu’il imprime, en bis, au precipitato de la Septième sonate de Prokofiev soulève l’enthousiasme du public.


Audacieux coup d’éclat d’un jeune homme de dix-huit ans, la Première symphonie (1925) de Chostakovitch affiche déjà une forte personnalité. Si l’on y entend ici ou là, Tchaïkovski, Prokofiev ou Mahler, c’est en se demandant si certaines de ces réminiscences ne sont pas à prendre au second degré, tant l’ironie a déjà toute sa place dans cette musique. Eschenbach, qui avait déjà fortement convaincu dans la Cinquième symphonie en mai dernier (voir ici), restitue fidèlement les différents climats de la partition, dans une réalisation exemplaire, toujours parfaitement soignée. Ludique, pince-sans-rire et grinçant dans l’allegro initial, il n’hésite pas à forcer sur les couleurs criardes du sardonique scherzo. Si l’approche se caractérise globalement par une certaine distance, qui n’est nullement un contresens dans cette oeuvre, le finale n’en est pas moins animé par un élan implacable. L’Orchestre de Paris est décidément en grande forme,


Le concert du 21 mars sera diffusé sur France-Musiques le lundi 8 avril à 20 heures.



Simon Corley

 

 

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