About us / Contact

The Classical Music Network

Milano

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Un ténor est né

Milano
Teatro alla Scala
03/04/2023 -  et 7, 11, 14, 16, 19*, 22, 26 mars 2023
Giacomo Puccini : La bohème
Freddie De Tommaso (Rodolfo), Marina Rebeka/Irina Lungu* (Mimì), Luca Micheletti*/Boris Pinkhasovich (Marcello), Irina Lungu/Mariam Battistelli* (Musetta), Jongmin Park (Colline), Alessio Arduini (Schaunard), Andrea Concetti (Benoît, Alcindoro), Hyun‑Seo Davide Park (Parpignol), Giuseppe De Luca (Sergente dei doganieri), Alessandro Senes/Guillermo Esteban Bussolini* (Un doganiere), Luigi Albani/Andrea Semeraro* (Un venditore ambulante)
Coro del Teatro alla Scala, Alberto Malazzi (préparation), Orchestra del Teatro alla Scala, Eun Sun Kim (direction musicale)
Franco Zeffirelli (mise en scène, décors), Marco Gandini (reprise de la mise en scène), Piero Tosi (costumes), Anna Biagiotti (reprise des costumes), Marco Filibeck (lumières)


(© Brescia e Amisano/Teatro alla Scala)


La Scala célèbre le centième anniversaire de la naissance de Franco Zeffirelli en proposant une reprise (la vingt‑troisième !) de la légendaire production de La Bohème, créée en 1963. Ce faisant, Milan franchit le cap des deux cents représentations. La même version fait aussi depuis soixante ans les beaux soirs du Staatsoper de Vienne, où elle a encore été programmée il y a deux mois. Le spectacle est des plus classiques et de facture traditionnelle, au sens noble du terme, le metteur en scène ayant suivi à la lettre les indications du compositeur. Et pourtant, cette Bohème n’a pas pris une seule ride et on est toujours émerveillé par la mansarde décrépite plus vraie que nature du premier acte, par le nombre impressionnant de figurants qui peuplent le café Momus et ses alentours au deuxième acte, ou encore par les flocons de neige qui ne cessent de tomber sur la barrière d’Enfer tout au long du troisième acte. La reprise du spectacle est assurée de main de maître par Marco Gandini, un collaborateur fidèle de Franco Zeffirelli, qui a réglé une direction d’acteurs très fouillée.


Cette reprise vaut essentiellement pour le Rodolfo de Freddie De Tommaso. A moins de 30 ans, le ténor italo-britannique fait très forte impression dans un rôle qui a vu défiler les plus grands à la Scala. Voix chaude et veloutée, projection bien calibrée, contrôle du souffle, émission solaire et généreuse, le chanteur séduit avant tout par ses aigus faciles et lumineux, quand bien même les notes les plus hautes semblent manquer de lustre, mais c’est là un péché véniel. On se dit qu’il est bien parti pour faire une remarquable carrière, et le public milanais – réputé pourtant pour être très exigeant – l’a bien compris en ne ménageant pas ses applaudissements à la fin de la représentation. Rodolfo est très bien entouré, à commencer par le splendide Marcello de Luca Micheletti, particulièrement expressif et sonore, doté de surcroît d’une forte présence scénique. Irina Lungu incarne une Mimì extrêmement fragile et touchante, avec une émission délicate et raffinée, malgré un léger vibrato. Colline à la voix rauque et caverneuse, Jongmin Park est néanmoins très émouvant dans l’air du manteau du dernier acte (« Vecchia zimarra, senti »). En Schaunard enjoué et désinvolte, Alessio Arduini complète avec brio la bande des bohémiens. Même si elle manque quelque peu d’abattage scénique, Mariam Battistelli campe une Musetta délicieusement peste mais aussi pleine d’empathie à la mort de Mimì. Si, à Vienne il y a deux mois, Eun Sun Kim a eu tendance à couvrir les chanteurs dans le même ouvrage, elle réussit à la Scala à bien mieux équilibrer le rapport entre la fosse et le plateau. Sa direction n’est peut‑être pas des plus raffinées ni des plus nuancées, mais la chef coréenne contribue malgré tout à donner entrain et énergie à cette Bohème.



Claudio Poloni

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com