About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Ein Liederabend avec Christoph Prégardien

Paris
Athénée - Théâtre Louis‑Jouvet
02/27/2023 -  
Henri Duparc : Chanson triste – Soupir – Le Manoir de Rosemonde – L’Invitation au voyage – Phidylé
Franz Schubert : Drei Gesänge des Harfners, D. 478 à 480 – Rastlose Liebe, D. 138 – Wanderers Nachtlied I, D. 224 – Erlkönig, D. 328
Franz Liszt : Freudvoll und leidvoll – Der du von dem Himmel bist
Carl Loewe : Lynceus, der Türmer – Erlkönig
Ludwig van Beethoven : Drei Gesänge, opus 83 : 1. « Wonne der Wehmut » – Sechs Gesänge, opus 78 : 2. « Neue Liebe, neues Leben »
Hugo Wolf : Phänomen – Blumengruss – Ganymed
Edvard Grieg : Sechs Lieder, opus 48 : 5. « Zur Rosenzeit »

Christoph Prégardien (ténor), Julius Drake (piano)


C. Prégardien (© Jean‑Baptiste Millot)


Placés depuis 2014 sous la direction artistique d’Alphonse Cemin, les Lundis musicaux de l’Athénée, produits par Le Balcon, affichent un récital lyrique mensuel, de novembre à juillet. S’y succèdent « talents en devenir, confirmés, stars incontournables, variété de registres, de répertoires et de pianistes... ».


On ne présente plus Christoph Prégardien : si sa carrière de chef de chœur l’accapare davantage ces temps‑ci, il n’a pas renoncé à celle de Liedersänger, tant s’en faut. Quelques scories de prononciation, un souffle parfois un peu court pour les grandes périodes de Duparc et un certain quant‑à‑soi émotionnel (cf. la tragique ballade Le Manoir de Rosemonde) ne feront pas oublier l’étreignant Soupir, avec un ultime refrain baigné dans un songe. Des phrasés plus enveloppants rendent justice à Phidylé. On regrettera l’emploi d’un lutrin posé à plat trop bas, contraignant le chanteur à incliner le chef ; la projection en pâtit. Mais on reconnaît bien ce timbre clair, cette diction racée d’évangéliste, notamment dans les « a » lumineux que lui ménage la langue française (« brillant à travers leurs larmes » de L’Invitation au voyage).


Les six lieder de Schubert d’après Goethe le montrent, naturellement, plus à son aise : la trilogie Chants du harpiste, où la mélodie laisse place à la pure déclamation, atteint des abîmes de mélancolie. Loin d’éclairer le poème (judicieusement projeté en traduction française), Prégardien en libère les ténèbres. Car tout ténor qu’il est, notre artiste distribue les ombres et les accents avec la même prodigalité qu’un baryton. En témoigne un haletant Roi des aulnes et ses cinq protagonistes dûment caractérisés (enfant strangulé d’émotion, roi des aulnes enjôleur... en diable). Un peu trop monochrome dans Duparc, Julius Drake s’accorde ici aux respirations de son partenaire sans jamais le couvrir de ses octaves.


La seconde partie, elle aussi placée sous le signe de Goethe, alterne habilement les humeurs et les vocalités. On aime Prégardien dans le contemplatif Zum Sehen geboren de Loewe, qui réunit voix et piano en un nocturne effusif remarquablement conduit, dans le suave Phänomen de Wolf ou le venimeux « Zur Rosenzeit » de Grieg, qu’on croirait écrit sur mesure pour lui. Ganymed accuse en revanche quelques tensions, et son instrument ne dispose pas de toutes les notes exigées par Der du von dem Himmel bist. L’Erlkönig de Loewe une fois réhabilité, Christoph Prégardien et Julius Drake, ce dernier toujours très économe en pédale, nous offrent en bis un irréfutable Musensohn. On aura volontiers poursuivi le voyage, guidé par « le Fils de la Muse ».



Jérémie Bigorie

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com