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Heldentenor, Heldenbaryton et Heldenorchester

München
Isarphilharmonie
02/03/2023 -  et 5 février 2023
Richard Wagner : Siegfried
Anja Kampe (Brünnhilde), Simon O’Neill (Siegfried), Michael Volle (Der Wanderer), Danae Kontora (Waldvogel), Gerhild Romberger (Erda), Peter Hoare (Mime), Georg Nigl (Alberich), Franz‑Josef Selig (Fafner)
Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, Sir Simon Rattle (direction)


(© Astrid Ackermann)


En 2016, Sir Simon Rattle et l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise avaient entamé un nouvel enregistrement du Ring dont ont été déjà publié l’Or du Rhin et en 2020 La Walkyrie. Cette soirée est la suite logique de ce projet mais à l’époque, personne ne pouvait prévoir que Rattle allait devenir le futur directeur musical de cet ensemble. C’est donc surtout une occasion fascinante d’assister à ce qui va être un partenariat majeur dans le futur.


Et quel orchestre ! Finesse et solidité des cordes, largeur de la dynamique des cuivres, poésie des bois, le tout dans une mise en place impeccable et avec une homogénéité de son. Plus encore que lors de ses prestations berlinoises, on sent que Rattle embrasse un son germanique tout en insistant sur une certaine transparence et en révélant un luxe de détails de ce maître orchestrateur qu’était Wagner. La concentration des musiciens ne faiblit pas un seul instant durant cette longue soirée et leur motivation est palpable. Même si l’on a entendu cet opéra de nombreuses fois, que de révélation !


Il manque bien sûr la scène pour cette exécution de concert. Cela se ressent au début mais une fois le climat établi, la qualité des chanteurs et le niveau musical permettent de maintenir le dramatisme de l’œuvre. Certains chanteurs ont des formats un peu inhabituels. Georg Nigl a un timbre un peu clair pour la noirceur que demande le rôle d’Alberich. Gerhild Romberger semblait ne pas être au niveau qu’on lui connaît. Remplaçant Barbara Hannigan souffrante, Danae Kontora a de belles notes mais son Oiseau de la forêt pourrait avoir des aigus un peu plus lumineux.


Mais Franz‑Josef Selig est un Fafner sombre dont les pages finales trouvent beaucoup d’émotion. Ancien percussionniste, Peter Hoare montre sa capacité à chanter tout en tapant de son marteau sur son enclume. Il est surtout excellent dans le deuxième acte. Anja Kampe est la Brünnhilde du moment et est particulièrement radieuse dans les passages forte du duo avec Siegfried. Ce dernier est chanté par Simon O’Neill. Le ténor néo‑zélandais a une émission un peu mince dans le terrible premier acte mais il a toutes les notes et sa justesse est impeccable. Au fur et au mesure de la soirée, il se libère et il a la pleine mesure de ce terrifiant rôle dans un superbe duo final.


Mais c’est Michael Volle qui impressionne le plus dans le rôle de Wotan. Sa lecture a autorité, puissance vocale, et une capacité d’expression si forte du texte. Les énigmes avec Mime sont pleines de menaces, tandis que l’affrontement avec Siegfried au troisième acte mélange puissance et une certaine tendresse, Hans Sachs n’est peut‑être pas si loin. Voici une lecture simplement magistrale qui fera date et dont on doit se féliciter qu’elle soit préservée.


Ce concert était donné dans la salle de l’Isarphilharmonie. Cette salle « temporaire » qui a couté moins de 30 millions d’euros reste difficile d’accès, la ligne du métro la plus proche étant en travaux avec une certaine régularité, dont chaque dimanche. C’est un bâtiment plutôt froid et un peu excentré. Mais l’acoustique et en particulier, la lisibilité et le dynamique sont en font une salle de très grande qualité. Les tutti ne saturaient pas et les musiciens ont évoqué la capacité à bien s’entendre entre eux. Simon Rattle a exprimé son souhait d’avoir une nouvelle salle proche du quartier de l’Ostbanhof. Mais les derniers échos sont qu’il n’aurait pas été possible de trouver de financement pour les travaux du Gasteig. Peut‑être la conclusion de ce Ring sera également donné dans cette même salle par les mêmes artistes et peut‑être est‑ce très bien ainsi.



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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