About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Un Trouvère peu belcantiste

Paris
Opéra Bastille
01/21/2023 -  et 24, 27 janvier, 2*, 5, 8, 11, 14, 17 février 2023
Giuseppe Verdi : Il trovatore
Anna Pirozzi (Leonora), Marie‑ Andrée Bouchard‑Lesieur (Ines), Judit Kutasi (Azucena), Etienne Dupuis (Il Conte di Luna), Roberto Tagliavini (Ferrando), Yusif Eyvazov (Manrico), Samy Camps (Ruiz), Shin Jae Kim (Un vecchio zingaro), Chae Hoon Baek (Un messo)
Chœurs de l’Opéra national de Paris, Alessandro Di Stefano (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra national de Paris, Carlo Rizzi (direction musicale)
Alex Ollé (La Fura dels Baus) (mise en scène), Alfons Flores (décors), Lluc Castells (costumes), Urs Schönebaum (lumières), Valentina Carrasco (collaboration à la mise en scène)


(© Sébastien Mathé/Opéra national de Paris)


On sait depuis 2016 ce qu’il faut penser de la production d’Alex Ollé, de sa transposition dans la guerre civile espagnole, avec son cortège de violences et de cruautés, où l’on ne voit que cimetières et tranchées. On sait surtout que l’absence de direction d’acteur abandonne les chanteurs à eux‑mêmes. Mais comme, selon le mot bien connu, il suffit de réunir les plus grands chanteurs du monde pour faire un Trouvère, on attendait tout des voix. A tort...


Yusif Eyvazov ne sera jamais, ni par le timbre ni par le chant, un Franco Corelli ou un Carlo Bergonzi. Mais le temps l’a bonifié, il a poli sa ligne et assure maintenant assez convenablement chez Verdi, avec en tout cas une endurance qui lui permet un « Di quella pira » plutôt crâne après un « Ah si ben mio » respectable à défaut d’être raffiné. C’est en effet à partir du troisième acte qu’il se montre le plus à son avantage. Anna Pirozzi est moins heureuse en Leonora du Trouvère, beaucoup plus difficile il est vrai, qu’en Leonora de La Force du destin. La dureté stridente de l’aigu fait peine à entendre, surtout dans un « D’amor sull’alli » incertain, où l’on cherche le phrasé et les nuances, alors qu’elle peut ailleurs émettre de jolies demi-teintes, notamment au dernier tableau. Si Manrico est solide comme un roc, elle paraît inégale, avec un médium qui s’amenuise à partir du quatrième acte, gênée sans doute par une écriture encore belcantiste que, de toute façon, personne n’incarne vraiment ici.


Le Comte d’Etienne Dupuis, par exemple, s’y montre totalement étranger, ignorant des canons du chant verdien à travers un phrasé débraillé – pour ne rien dire de la sécheresse du timbre. L’Azucena de Judit Kutasi, en revanche, impressionne au début par la richesse de la voix et l’éventail des couleurs, séduit par la sobriété de la composition, mais, faute sans doute d’une technique assez éprouvée, fatigue après un « Deh, rallentate, o barbari » laborieux. Roberto Tagliavini donne un grand relief à Ferrando, non sans avoir tendance, comme la plupart de ses confrères, à savonner ses doubles croches. Mais Manrico savonne aussi celle de sa « Pira », Leonora les vocalises de «  Tuvedra che amor in terra »... Les quelques mesures d’Ines font en tout cas remarquer Marie‑ Andrée Bouchard‑Lesieur et le chœur se montre très en forme.


Si Carlo Rizzi a du métier et tient ses troupes, il n’échappe pas à une certaine routine là où il faudrait faire flamboyer l’orchestre, tout en créant ici ou là de jolies atmosphères, comme dans l’introduction du dernier tableau.



Didier van Moere

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com