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Rareté britténienne

Lyon
Théâtre de la Croix‑Rousse
01/25/2023 -  et 27, 28, 31 janvier, 1er, 4 février 2023
Benjamin Britten : A Ceremony of Carols, opus 28 – L’Arche de Noé, opus 59
Romain Bockler (Noé), Clémence Poussin (Madame Noé), Romain Rortals (Dieu)
Maîtrise de l’Opéra de Lyon, Ensemble instrumental de l’Opéra de Lyon, Karine Locatelli (direction musicale)
Silvia Costa (mise en scène, décors, costumes), Andrea Sanson (lumières), Simon Hatab (dramaturgie)


(© Bertrand Stofleth)


En marge des représentations de Moïse et Pharaon de Rossini (jusqu’au 1er février), l’Opéra de Lyon se décentralise au Théâtre de la Croix‑Rousse pour une vraie rareté britténienne : L’Arche de Noé. L’ouvrage est une charmante pochade que le compositeur britannique créa en 1958 au Festival d’Aldeburgh. Inspirée d’un anonyme du XIe siècle, elle possède un charme irrésistible du théâtre de foire médiéval. Mais si l’on sait que Benjamin Britten affectionnait les réminiscences des chansons et musiques d’autrefois, tant anglaises que françaises, qui ont marqué plusieurs de ses œuvres chorales, religieuses notamment, il faut bien convenir que l’idée, fort séduisante par ailleurs, d’accorder une large place à des amateurs en herbe – la Maîtrise de Lyon en l’occurrence –, comporte son revers... en l’espèce d’inévitables approximations vocales.


Il faut dire que la metteure en scène Silvia Costa ne leur a pas rendu la tâche facile, surtout dans la première partie du spectacle, qui donnait à entendre la célèbre Ceremony of Carols, et qui se déroulait sur le parvis du théâtre (par zéro degré). Une harpiste (Sara D’Amico) avait la chance d’être protégée dans une structure réchauffée, tandis que le public faisait une ronde autour de quatre braséros, dans laquelle a évolué un chœur de jeunes filles, portant une longue cape bleue et une couronne de lauriers dorés, et distribuant des brioches de réconfort au public. Sonorisé, dirigé par une Karine Locatelli en mouvement aussi, la justesse ne fut pas toujours au rendez‑vous.


Sitôt que les derniers accords de harpe ont retenti, le public est invité à regagner la salle où l’attend le comédien Thomas Rortals, juché sur une colonne, et pérorant un discours alarmiste sur la situation de notre pauvre monde mal en point, notamment climatiquement. La transition permet l’installation du public, et le court ouvrage lyrique peut commencer, dans le respect le plus stricte des volontés de Britten : à l’exception de Noé (Romain Bockler) et sa femme (Clémence Poussin), l’ouvrage est entièrement confié à des enfants et adolescents, des deux sexes cette fois, et tout de blanc vêtu, d’une pureté toute symbolique. Plus en harmonie et juste de ton, cette fois, la Maîtrise de Lyon s’avère comme touchée par la grâce, portée par la ferveur d’un public... réunissant il faut dire beaucoup des parents et familles des jeunes interprètes. Tout n’en concourt pas moins à un véritable climat d’ingénuité (malgré le choc des certaines images), indispensable à l’équilibre d’une œuvre toute de fraîcheur et de sincérité. Les performances individuelles doivent s’effacer devant cette célébration collective de la musique et de la Bible, mais il faut souligner tout de même la belle autorité du baryton français Romain Bockler et la tendresse et délicatesse de Clémence Poussin, et également saluer les deux musiciens sur qui repose la partie musicale – Gisèle David aux percussions et Grégory Kirche au piano –, dont les rythmes et le savant naturel portent une partition dont toute pesanteur semble exclue.



Emmanuel Andrieu

 

 

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