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Rousset célèbre Schubert

Paris
Théâtre du Châtelet
01/27/2023 -  
Franz Schubert : Symphonies n° 2 en si bémol majeur, D. 125, n° 4 en ut mineur, D. 417, et n° 6 en ut majeur, D. 589
Les Talens lyriques, Christophe Rousset (direction)


C. Rousset (© Théâtre du Châtelet/David Blondin)


Fondé en 1991 par le claveciniste Christophe Rousset, l’orchestre sur instruments d’époque Les Talens lyriques (du nom de l’un des plus fameux opéras‑ballets de Rameau) n’en finit plus de fêter son trentième anniversaire, s’offrant pour ce début d’année une intégrale des symphonies de Schubert dans l’une des plus belles salles parisiennes, le Théâtre du Châtelet. Plus connu en tant que défenseur du répertoire baroque et classique jusqu’à Salieri (voir notamment son disque consacré à Tarare ici), Rousset et son ensemble se sont autorisés quelques rares incursions dans le répertoire du XIXe siècle, notamment une inattendue version originale du Faust de Gounod en 2019.


On le retrouve cette fois avec le plus fameux élève de Salieri, pour trois soirées dédiées à Schubert. Le concert débute avec l’une des symphonies les moins connues de son auteur, la Sixième (1818), que Schubert n’entendit pas de son vivant, à l’instar des autres. Cet ouvrage choisi pour honorer Schubert peu après sa mort prématurée, à seulement 31 ans, apparaît d’emblée déroutant par son aspect séquentiel, où l’auteur semble à la recherche d’un nouveau style pour se démarquer des influences de Haydn et Mozart. L’impression de robustesse qui se dégage des accords martelés aux cuivres, plus grasseyants à l’oreille du fait des instruments d’époque ici privilégiés, alterne avec des passages plus aériens aux vents, dignes de Rossini. Christophe Rousset donne beaucoup de vitalité à l’ensemble – une constante de la soirée –, en allégeant ostensiblement la masse orchestrale et en évitant tout vibrato « romantique ». La verdeur des bois surprend au début, de même qu’une impression de déséquilibre avantageant les cordes, lorsqu’on est placé à l’orchestre. Après l’entracte, un opportun changement de place en corbeille confirme que l’acoustique y sonne moins sec, même si on se sent moins au cœur de la musique, du fait de l’éloignement.


La Deuxième (1815) fait entendre un Schubert volontiers plus efficace dans sa reprise du moule classique de la symphonie viennoise héritée de Haydn, lui empruntant autant son introduction lente majestueuse que son développement fondé sur de vives oppositions entre pupitres. Chants et contrechants s’affrontent en un sens de la tension qui privilégie les attaques sèches, sans jamais oublier la mélodie. Fluide et naturel, le début de la symphonie est un régal de plaisir immédiat, même si le Finale montre une inspiration moindre avec son thème hésitant et sa mélodie moins inspirée, malgré une énergie rythmique toujours aussi jouissive.


Après l’entracte, Christophe Rousset nous régale de la Quatrième (1816), dont l’élan saisit d’emblée, faisant valoir là aussi son côté immédiat, à l’instar de la Deuxième. La mélodie entêtante principale, répétée à l’envi, étourdit par son efficacité, tandis que le mouvement lent qui suit contraste par sa sérénité et le jeu sur les nuances pianissimo voulues par Rousset. La symphonie se conclut dans la frénésie électrisante de son Finale, très réussi sous la baguette nerveuse du chef français. A l’issue des applaudissements, il se tourne malicieusement vers le public pour lui signifier que les autres concerts feront office de bis ! Point d’extrait de la musique de scène de Rosamonde (1823) ni l’une des rares Ouvertures dans le style italien (contemporaines de la Sixième Symphonie), à moins qu’une surprise ne soit réservée pour le concert conclusif, mardi prochain ?



Florent Coudeyrat

 

 

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