About us / Contact

The Classical Music Network

Lucerne

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Rencontre au sommet

Lucerne
Centre de la culture et des congrès
01/23/2023 -  et 12 (Wien), 18 (Amsterdam), 26 (Milano) janvier, 10 (Washington), 14 (Chicago), 31 (New York) mai, 28 juillet (Verbier), 3 août (Salzburg) 2023
Franz Schubert : Suleika I, D. 720 – Die Vögel, D. 691 – Lied der Mignon, D. 877 – Rastlose Liebe, D. 138
Franz Liszt : Années de pèlerinage (Deuxième Année : Italie), S. 161 : 1. « Sposalizio » – Valse oubliée n° 1, S. 215 n° 1 – Freudvoll und leidvoll, S. 280 – Uber allen Gipfeln ist Ruh, S. 306 – Im Rhein, im schönen Strome, S. 272 – S’il est un charmant gazon, S. 284 – Oh ! quand je dors, S. 282
Serge Rachmaninov : Douze Romances, opus 21 : 5. « Lilas » – Six Romances, opus 38 : 5. « Un rêve » – Morceaux de fantaisie, opus 3 : 3. « Mélodie » & 5. « Sérénade »
Henri Duparc : Extase – Le Manoir de Rosemonde

Renée Fleming (soprano), Evgeny Kissin (piano)


E. Kissin, R. Fleming (© Philipp Schmidli)


Renée Fleming et Evgeny Kissin réunis sur la même scène pour un récital à Lucerne, c’est un peu le mariage de la carpe et du lapin serait‑on tenté de croire au premier abord, tant le tempérament des deux artistes semblent opposé : elle réputée pour ses interprétations glamour et flamboyantes, lui connu pour l’intensité et l’intériorité de son jeu. Et demander à l’un des plus grands pianistes de son époque d’être un simple accompagnateur, avec tout ce que cela demande d’humilité et de réserve, n’a absolument rien d’évident. Et pourtant, la rencontre a non seulement tenu toutes ses promesses mais elle a donné lieu à une soirée d’exception, avec un programme original et varié de mélodies des répertoires allemand, russe et français, entre lesquelles s’intercalaient des pages pour piano seul. Un programme subtilement construit, hors des sentiers battus du genre.


Si la voix de Renée Fleming a mis du temps à se chauffer dans les premières mélodies de Schubert et si la diction allemande a semblé parfois inintelligible, quel bonheur de retrouver par la suite la chanteuse en splendide forme vocale, avec son timbre « double crème », comme l’avait qualifié le regretté Georg Solti, qui n’a rien perdu ou presque de son onctuosité et de son velours. Les aigus sont toujours lumineux, les graves sonores, le phrasé impeccable, mais surtout l’interprète éblouit par le raffinement de son chant parfaitement nuancé, tout en sobriété et en simplicité, exprimant une large palette de sentiments, sans oublier quelques touches d’humour à la fin de plusieurs mélodies. L’entendre dans une telle forme fait regretter qu’elle ait décidé si tôt dans sa carrière de ne plus chanter d’opéra. La fusion entre la voix et le piano est idéale, Evgeny Kissin se révélant un accompagnateur particulièrement attentif, ciselant avec finesse et douceur ses interventions.


Tout l’art – immense – d’Evgeny Kissin peut se résumer dans le splendide « Sposalizio » de Liszt. Si les éclats puissants, les accords d’octaves triomphants ou la virtuosité ne peuvent qu’impressionner, on admire encore davantage l’intensité et la profondeur de l’exécution, entrecoupée de silences aériens. Le pianiste a entraîné les spectateurs dans son monde, donnant l’impression de suspendre le temps. Vertigineux. L’Ave Maria de Schubert, donné en bis, a parfaitement résumé la soirée : il a été interprété tant par la voix que par le piano avec une douceur et une tendresse encore jamais entendues, comme s’il s’agissait d’une caresse. Deux artistes au sommet de l’art en communion parfaite, dans une musicalité totale, sans aucune esbroufe.



Claudio Poloni

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com