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Hartmut Haenchen à Lille

Lille
Le Nouveau Siècle
01/19/2023 -  
Richard Wagner : Die Walküre : « Chevauchée des Walkyries » & « Adieux de Wotan et Incantation du feu »
Anton Bruckner : Symphonie n° 3 « Wagner » (édition Nowak)

Derek Welton (baryton-basse)
Orchestre national de Lille, Hartmut Haenchen (direction)


D. Welton, H. Haenchen (© Ugo Ponte/Orchestre national de Lille)


Intitulée « Passion Wagner », cette soirée au Nouveau Siècle de Lille était surtout consacrée à l’un de ses plus fervents admirateurs, l’Autrichien Anton Bruckner, dont la Troisième Symphonie (dédicacée en effet à Wagner) était le plat de résistance de ce concert dirigé par rien moins que la grand Hartmut Haenchen. A 79 ans, le chef allemand n’a plus à prouver qu’il est l’un des spécialistes les plus émérites du répertoire germanique, tant dans les opéras du grand Richard que dans les Symphonies de Bruckner.


Comme tour de chauffe, l’Orchestre national de Lille (ONL) s’attaque d’abord à la célèbre « Chevauchée des Walkyries » qui ouvre en fanfare la soirée. Haenchen théâtralise cette fameuse page symphonique avec à‑propos et équilibre, sans la saturation tellement redoutée des cuivres ! Tout ici est audible : les hennissements des chevaux autant que le fracas des sabots, dans un phrasé très narratif et de toute beauté.


C’est ensuite Derek Welton, déjà entendu dans plusieurs rôles wagnériens dans lesquels il s’est fait positivement remarquer, qui fait son entrée sur le plateau du vaste auditorium lillois pour interpréter le finale de ce même opus wagnérien, « Adieux de Wotan et Incantation du feu ». Doté d’un timbre magnifiquement sombre et superbement acéré, le baryton‑basse australien tire les larmes dans ces déchirants adieux du Wanderer à sa fille Brünnhilde, qu’il conclut dans un murmure, « So küsst er die Gottheit von dir! » (« Ainsi le Dieu t’enlève ta divinité par un baiser ! »).


Le temps de reprendre son souffle et ses esprits, nous revoici dans la salle pour entendre cette fameuse Troisième Symphonie de Bruckner, dont on connaît l’histoire : quand le maître autrichien achève cette symphonie, en 1873 (version de Linz), il obtient un rendez‑vous avec son idole Wagner, qui accepte la dédicace de l’ouvrage, mais sous réserve d’en retirer les trop nombreuses citations (à son goût) de ses opéras qui émaillent allégrement la nouvelle symphonie. Le compositeur reprend alors son ouvrage, condense, gomme les citations problématiques et parvient à une deuxième mouture en 1878 (version de Vienne), avant d’y revenir en 1889, alors qu’il est saisi par une frénésie de révision de ses œuvres existantes, et c’est cette troisième mouture qui est donnée ici à entendre (version Nowak).


La première qualité du son distillé par Haenchen est la beauté et la rondeur de la sonorité de l’orchestre, qui est en fait une des caractéristiques de son style. Il sait en outre trouver le tempo approprié pour chaque mouvement et réussit à produire ce souffle, si inhérent à la musique de Bruckner, et tout particulièrement dans les moments culminants des premiers et deuxièmes mouvements. Le Scherzo qui suit, l’un des plus inventifs que l’on puisse entendre, tient d’une main de fer, cette immense machinerie sonore qui ne demande qu’à échapper à ceux qui s’y attaquent : les frottements harmoniques sont exacerbés et le mouvement s’emballe dans une danse effrayante. Le dernier mouvement rééquilibre l’écriture au travers d’une valse élégante, avec des cordes magnifiquement insouciantes, bientôt rattrapées par le pupitre des cuivres aux déflagrations spectaculaires ; puis les trombones éclairent différemment le finale, dans le sens d’un mystère opaque, avant la libération collective, conquérante et lumineuse d’un ONL en pleine possession de ses moyens!


Chapeau bas, maestro !


Le site de Hartmut Haenchen



Emmanuel Andrieu

 

 

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