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Pour Respighi

Paris
Boulogne‑Billancourt (La Seine musicale)
01/13/2023 -  et 12 janvier 2023 (Lyon)
Johannes Brahms : Double Concerto, opus 102
Giuseppe Martucci : Notturno, opus 70 n° 1
Ottorino Respighi : Pini di Roma

Alena Baeva (violon), Anne Gastinel (violoncelle)
Orchestre national de Lyon, Speranza Scappucci (direction)


S. Scappucci


Speranza Scappucci fait partie avec Barbara Hannigan, Susanna Mälkki et Nathalie Stutzmann entre autres, des femmes chefs d’orchestre dont la carrière se développe ces dernières années. Invitée ici par l’Orchestre national de Lyon, elle dirige un programme original associant le Double Concerto de Brahms, un nocturne de Giuseppe Martucci (1856‑1909), compositeur italien passionné de musique allemande et maître d’Ottorino Respighi (1879‑1936), dont la pièce Les Pins de Rome terminait ce concert.


Le Double Concerto de Brahms n’a pas souvent les honneurs du concert quand on le compare par exemple au Concerto pour violon. Cela est dommage car l’œuvre, on le sait tardive, est attachante. Le premier mouvement est attaqué tambour battant par la cheffe italienne à la direction passionnée et quelque part athlétique. La violoncelliste française Anne Gastinel y fait montre d’une sonorité toujours raffinée et subtile, et le dialogue avec la violoniste russe au très beau son Alena Baeva fonctionne. Seule petite réserve, l’accompagnement orchestral manque parfois de transparence. Dans le deuxième mouvement si original, avec ses octaves parfaitement justes aux solistes, l’orchestre se montre plus à l’écoute et en osmose avec ces derniers. Le final, plein d’allégresse, emporte toute résistance tant l’orchestre et les concertistes empoignent cette musique avec brio.


Le Notturno de Martucci se révèle, comme attendu, d’allure germanique, notamment par sa texture et son fondu des harmonies. L’interprétation de Speranza Scappucci et des musiciens lyonnais est à la fois sobre, précise et attentive. Mais c’est incontestablement dans le tube de Respighi Les Pins de Rome que les interprètes de talent réunis ce soir se transcendent. La brillance et l’allégresse du premier mouvement, le climat plus sombre et retenu du deuxième mouvement, le toujours surprenant troisième mouvement avec ses oiseaux enregistrés et l’apothéose finale sont construits avec une belle ligne sans emphase inutile. Cette étonnante musique, enivrante comme toutes les bonnes musiques, évoque par moment Debussy (et sa gamme pentatonique) mais aussi Korngold ou Gershwin. On sait que John Williams, grand admirateur de Respighi, trouvera beaucoup d’inspiration dans cette pièce qui convoque célesta, glockenspiel, harpe et piano. Tout le bel Orchestre national de Lyon y brille de mille feux dans les tutti comme dans les passages confiés aux solistes (clarinette, cor anglais, trompette hors scène). Et les percussionnistes s’y révèlent d’une grande qualité permettant même d’entendre parfaitement chaque coup de gong. Dommage que les six bugles de la toute fin, judicieusement placés à distance de l’orchestre, aient été malheureusement invisibles d’une grande partie du public. Cette splendide interprétation conduite avec tension et progression déclenche un triomphe mérité.


Ce concert au programme passionnant mais un peu inégal dans son contenu comme dans sa réalisation, aura donc surtout marqué par une lecture brillante des Pins de Rome. Mais quel dommage, comme trop souvent dans cette salle, que le public ne soit pas au rendez‑vous. Cet auditorium mérite mieux qu’un public clairsemé et une programmation erratique. On sait le département des Hauts‑de‑Seine riche, mais tout de même...



Gilles Lesur

 

 

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