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Deux reines sans majesté

Geneva
Grand Théâtre
12/17/2022 -  et 19, 21*, 23, 26, 29 décembre 2022
Gaetano Donizetti : Maria Stuarda
Stéphanie d’Oustrac (Maria Stuarda), Elsa Dreisig (Elisabetta), Edgardo Rocha (Roberto), Nicola Ulivieri (Talbot), Simone Del Savio (Lord Cecil), Ena Pongrac (Anna Kennedy)
Chœur du Grand Théâtre de Genève, Alan Woodbridge (direction), Orchestre de la Suisse Romande, Andrea Sanguineti (direction musicale)
Mariame Clément (mise en scène), Julia Hansen (décors et costumes), Ulrik Gad (lumières), Mathieu Guilhaumon (chorégraphie), Clara Pons (dramaturgie)


(© Monika Rittershaus)


Aviel Cahn, directeur du Grand Théâtre de Genève, a eu l’idée de confier la « Trilogie Tudor » de Donizetti à la même équipe artistique. Le deuxième volet de ce triptyque, Maria Stuarda, est présenté pour les fêtes de fin d’année, après Anna Bolena en octobre 2021 et avant Roberto Devereux l’année prochaine. On ne peut que saluer la décision de proposer des ouvrages somme toute assez rarement représentés et de créer des collaborations entre artistes sur le long terme. En revanche, faire appel à des chanteurs peu rompus au bel canto romantique est un choix hasardeux, qui se révèle finalement malencontreux. En effet, ce qu’on pressentait déjà dans Anna Bolena il y a un peu plus d’une année, se révèle encore davantage dans Maria Stuarda : Stéphanie d’Oustrac en Mary Stuart et Elsa Dreisig en Elizabeth Ire sont ici clairement à contre‑emploi. Ce n’est pas faire injure aux deux chanteuses que de lancer une telle affirmation, leurs qualités vocales étant par ailleurs largement connues et reconnues. Mais la première a une voix beaucoup trop lourde pour ce type de répertoire ainsi qu’un souffle trop court et elle est souvent fâchée avec la justesse, sans parler des vocalises approximatives, alors que l’émission et la projection de la seconde manquent d’envergure pour incarner totalement le personnage de la souveraine. Le grand duo enflammé qui termine la première partie, point d’orgue de l’opéra, marquant la confrontation entre les deux reines rivales qui se toisent, s’apostrophent et finissent par s’insulter, tombe à plat, faute de panache. Malgré tout, on admire l’émotion que réussit à transmettre Stéphanie d’Oustrac dans le rôle de la reine bafouée et on est séduit par la ligne de chant pure et claire d’Elsa Dreisig, une ligne de chant qui fait des merveilles dans d’autres répertoires.


En termes de bel canto, le seul qui parvient à tirer son épingle du jeu est Edgardo Rocha en comte de Leicester : phrasé impeccable, style irréprochable et vocalises éblouissantes, quand bien même les aigus sonnent parfois un peu serrés. Nicola Ulivieri et Simone Del Savio s’acquittent tous les deux de leur rôle respectif de Talbot et de Lord Cecil sans éclat particulier, mais sans démériter pour autant. Le chœur en revanche, superbement préparé par Alan Woodbridge, fait preuve une nouvelle fois d’une grande précision et d’une belle cohérence entre les registres. A la tête de l’Orchestre de la Suisse Romande, le jeune chef Andrea Sanguineti est particulièrement attentif aux chanteurs, redoublant d’efforts pour ne pas couvrir les deux interprètes principales, au détriment cependant de la tension dramatique. L’intrigue se noue dans les beaux décors conçus par Julia Hansen, qui sont les mêmes que ceux d’Anna Bolena : des plateaux glissants font passer des appartements d’Elizabeth, qui donnent sur des arbres immenses au feuillage touffu, au parc dans lequel est retenue prisonnière Mary Stuart. La mise en scène très statique de Mariame Clément laisse souvent les chanteurs en plan sur le devant du plateau. Et surtout, on ne comprend pas bien la pertinence, à la fin de la représentation, de faire déambuler deux cameramen, une idée tellement galvaudée aujourd’hui. Un spectacle de fêtes plutôt décevant, malheureusement.



Claudio Poloni

 

 

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