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Un Messie pour Noël

Strasbourg
Palais de la Musique
12/13/2022 -  et 11 (Laren), 12 (Dortmund) décembre 2022
Georg Friedrich Haendel : Messiah, HWV 56
Elisabeth Breuer (soprano), Maarten Engeltjes (contre‑ténor), Tilman Lichdi (ténor), Andreas Wolf (baryton‑basse)
Amsterdam Baroque Orchestra & Choir, Ton Koopman (direction)


(© Nicolas Rosès)


Invités au sein de la saison d’abonnements de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg, pour une exécution du Messie de Haendel rebaptisée pour la circonstance « Concert de Noël », les membres de l’Amsterdam Baroque Orchestra and Choir prennent place sur une scène et dans une salle relativement surdimensionnés par rapport à leur effectif : vingt et un choristes et un peu moins de musiciens. Certes, on ne s’attendait pas à autre chose, car sous la direction d’un Ton Koopman on ne peut que rester désormais bien loin des Messie opulents d’avant l’ère de l’historiquement informé. Mais il n’y a pas que l’effectif numérique qui compte. Quand on écoute par exemple Gardiner et son ensemble, pas plus étoffé en nombre, subsiste l’impression d’une grande machine britannique, à la pompe certes dansante mais relativement éclatante, alors qu’ici on se laisse surprendre par un intimisme, une patine : celle d’un intérieur hollandais à la Vermeer, avec sa lumière diffuse, ses tentures opulentes et ses vieux cuivres. Tous les chœurs bénéficient de ce même éclairage, avec un rien de sfumato qui vient estomper les contours. Et comme les voix de ce chœur de chambre sont toutes très riches, il en découle une succession de superbes tableaux, qui n’ont pour seul défaut que de finir par se ressembler beaucoup d’un numéro à l’autre. Un Messie moins traité comme un oratorio, un drame sacré, que comme une méditation contemplative. Mais en tout cas, l’ensemble est très beau, et coordonné par Ton Koopman avec son habituelle bonhomie, une chaleur humaine qui semble idéalement compenser ce qui dans les attitudes, tantôt debout tantôt assis devant son clavier d’orgue, et le geste, garde un caractère relativement imprécis. On soulignera aussi les subtils équilibres entretenus entres les cordes et les quelques bois, voire deux trompettes naturelles jouées avec maestria, mais jamais en fanfare, toujours fondues dans les voix chorales et instrumentales.


Les solistes, assis sur le côté et qui viennent tour à tour se placer à côté du chef pendant leurs interventions, sont tous plus ou moins liés à la sphère baroque, et paraissent sous-dimensionnés, du moins pour un tel cadre. Le mieux à l’échelle reste le ténor allemand Tilman Lichdi, voix d’évangéliste relativement percutante. Le contre‑ténor Maarten Engeltjes déploie un falsetto élégant, mais d’une projection forcément limitée. Là, contrairement à ce qu’on peut accepter au disque, une vraie voix de mezzo paraît préférable. La soprano Elisabeth Breuer a un joli timbre, mais son chant paraît miniaturisé. Quant à Andreas Wolf, il tente de jouer les basses profondes alors qu’il n’en a pas les moyens, avec des graves pâlichons et une fâcheuse tendance à tuber le haut medium et l’aigu pour redonner un semblant d’éclat à un « The trumpet shall sound » qui n’impressionne guère. Donc un Messie surtout choral, à l’image de ces peintures de nefs d’églises hollandaises du XVIIe siècle, où l’architecture générale en impose, mais où les personnages à l’intérieur paraissent tout petits.



Laurent Barthel

 

 

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