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Ventre affamé n’a point d’oreilles

München
Nationaltheater
12/10/2022 -  et 12*, 18 décembre 2022
Engelbert Humperdinck : Hänsel und Gretel
Emily Sierra (Hänsel), Elbenita Kajtazi (Gretel), Wolfgang Ablinger-Sperrhacke (La Sorcière), Lindsay Ammann (Gertrud), Milan Siljanov (Peter), Xenia Puskarz Thomas (Le Marchand de sable), Jessica Niles (La Fée)
Chor der Bayerischen Staatsoper, Stellario Fagone (chef de chœur), Bayerisches Staatsorchester, Titus Engel (direction musicale)
Richard Jones (mise en scène), Benjamin Davis (reprise de la mise en scène), John McFarlane (décors), Jennifer Tipton, Michael Bauer (lumières), Linda Dobell, Anjali Mehra (chorégraphie)


Pour les périodes de fêtes de fin d’année, le Bayerische Staatsoper reprend un certain nombre de productions classiques. C’est le cas cette année avec des reprises de la vénérable mais « fiable » Flûte enchantée dans la mise en scène d’August Everding, de La Bohème d’Otto Schenk, de La Chauve‑Souris pour le Nouvel An et également ce petit bijou qu’est Hansel et Gretel, un opéra « wagnérien »... pour toutes les générations, enfants comme adultes.


Cette production, qui a été donnée également à New York, est une grande réussite. Le concept central est d’illustrer la faim des deux enfants qui rêvent non pas d’une forêt pleine de fées et d’anges mais d’un bon repas servis par des personnages tout droit sortis d’un tableau de Magritte et qui semblent plus se réjouir de goulûment dévorer la méchante sorcière plus que de sauver les enfants. Le premier acte est plein de poésie tandis que le deuxième est plus comique. La combinaison des deux permet d’offrir un spectacle qui, un peu comme les bons dessins animés de Pixar, parle aussi bien aux enfants qu’à leurs parents. Bruno Bettelheim, l’auteur de la Psychanalyse des contes de fées, aurait approuvé.


Mais il ne faut pas oublier que derrière la bonhomie enfantine de cette histoire et la splendeur de l’œuvre se trouve une partition très exigeante. L’orchestration est dense. Il faut respecter une certaine vitalité rythmique tout en faisant ressortir le cantabile des lignes mélodiques. Ce n’est pas aussi simple ce soir. Malgré son haut niveau, nous avons connu cet orchestre un peu plus à son aise. Le mise en place est (globalement) très satisfaisante, ce qui est déjà très bien, mais les phrasés sont un peu secs, la musique devrait davantage respirer et « chanter ». C’est Richard Strauss qui a créé cette œuvre et non Stravinsky. Enfin, au deuxième acte, les équilibres avec la fosse sont difficiles à réaliser et l’orchestre pourrait plus soutenir les chanteurs.


Il y a dans la distribution de jeunes talents issus de l’Opéra Studio de Munich ou des chanteurs que l’on a pu entendre et apprécier la saison dernière dans L’infedeltà delusa et que l’on retrouve avec plaisir, comme Emily Sierra et Jessica Niles. La jeune soprano kosovare Elbenita Kajtazi est une superbe Gretel, qui trouve les plus beaux phrasés de la soirée. Milan Siljanov est un Père resplendissant et expressif. Mais certains chanteurs ne sont pas à leur aise. Wolfgang Ablinger-Sperrhacke en fait un peu trop en sorcière. Sa diction usuellement très claire est en dessous de ce dont il nous a habitué. C’est également le cas de la Mère, Lindsay Ammann, malgré son aisance en tant qu’actrice.


Pour cette soirée, le théâtre était plein, avec des spectateurs de toutes générations. De nombreux collègues m’ont confirmé avoir emmené leurs enfants pour leur premier opéra et leur plus grande joie. C’est également à ma connaissance la seule œuvre à Munich où les musiciens peuvent inviter leurs enfants à entendre l’opéra dans la fosse à côté du chef d’orchestre. Malgré les quelques petites imperfections, c’est comme cela que l’on renouvelle les générations de mélomanes.



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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