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Admirable Maria Kataeva

Düsseldorf
Deutsche Oper am Rhein
12/03/2022 -  et 10*, 14, 17, 23, 26, 29 décembre 2022, 4, 8 janvier 2023
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : La Pucelle d’Orléans
Maria Kataeva (Jeanne d’Arc), Sergej Khomov (Charles VII), Luiza Fatyol (Agnès Sorel), Evez Abdulla (Dunois), Richard Sveda (Lionel), Thorsten Grümbel/Alexei Botnarciuc* (L’archevêque), Aleksandr Nesterenko (Raymond), Sami Luttinen (Thibaut), Beniamin Pop (Bertrand), Mara Guseynova (L’ange), Johannes Preissinger*/Alexander Fedin (Le confesseur), Zilvinas Miskinis (Lauret, Un soldat)
Chor der Deutschen Oper am Rhein, Gerhard Michalski (chef de chœur), Düsseldorfer Symphoniker, Péter Halász (direction musicale)
Elisabeth Stöppler (mise en scène), Annika Haller (décors), Su Sigmund (costumes), Volker Weinhart (lumières), Anna Melcher (dramaturgie)


M. Kataeva (© Sandra Then)

Montée à Genève en 2017, La Pucelle d’Orléans (1881) reste une rareté sur scène, du fait d’une musique à l’inspiration inégale et à l’orchestration trop opulente (surtout dans les parties guerrières ou pour le soutien au chœur). Malgré ces défauts, audibles dès la tonitruante ouverture, ce grand opéra à la française séduit par l’incontestable proximité avec son héroïne, à laquelle Tchaïkovski réserve un rôle aussi omniprésent qu’ardent. Le livret peut pourtant prêter à sourire, en imaginant une relation amoureuse entre Jeanne d’Arc et l’Anglais Lionel, ce qui lui vaut sa chute funeste sur le bûcher. Ce crime « contre nature », si l’on peut dire, dut inspirer Tchaïkovski, mais s’éloigne évidemment des péripéties bien connues. Outre cette liberté, le livret peine à brosser un portrait humain de chacun de ses trop nombreux rôles, tout en ayant la maladresse de faire apparaitre Lionel trop tardivement.


A Düsseldorf, la transposition contemporaine d’Elisabeth Stöppler s’attache à donner davantage de consistance à ses personnages, en donnant par exemple à voir Agnès comme une parvenue bling‑bling, en un mélange de « femme trophée » et de manipulatrice. Cette emprise manifeste accentue la faiblesse de Charles VII, également cerné par les autres intrigants, Dunois et l’archevêque en tête. Même si la production abuse quelque peu des armes à feu pour donner davantage de tension aux scènes statiques, l’attention à la direction d’acteur respecte toujours la continuité dramatique de l’ouvrage. La dernière partie est peut‑être plus aboutie encore, lorsque l’église (décor unique pendant toute la représentation) accueille l’état de siège, apportant une proximité avec la foule plus inquiétante encore. La scène finale du bûcher constitue une réussite d’une simplicité étonnante par son usage des mouvements du chœur et des éclairages, à l’image du travail toujours probe de Stöppler.


La distribution, d’un bon niveau global, trouve en Maria Kataeva une Jeanne d’Arc d’exception, vivement applaudie à l’issue de la représentation. Excellente actrice, la mezzo russe brûle les planches de son intensité toujours à propos, délivrant une interprétation vocale de grande classe à force de facilité et de naturel dans l’émission. On aime aussi le Thibaut aux graves pénétrants de Sami Luttinen, de même que le Charles VII retors de Sergej Khomov. A leurs côtés, malgré une noirceur bienvenue, Evez Abdulla manque quelque peu de volume en Dunois, tandis que Richard Sveda (Lionel) assure sa partie par un mordant immédiat, à même de crédibiliser le charme opéré sur l’héroïne. Parmi les petits rôles, on note la prestation superlative d’Aleksandr Nesterenko (Raymond), au timbre superbe.


Autour de ce plateau vocal convaincant, le chœur local montre un bel engagement, même si le chef Péter Halász ne lui facilite pas toujours la tâche par son geste enflammé, beaucoup trop sonore dans les parties verticales. Outre cette réserve, ce spectacle globalement réussi souffre également de l’absence de surtitres en anglais, ce qui ne facilite pas la compréhension des péripéties pour le non‑germanophone. Parmi les grandes maisons allemandes, il serait grand temps que le Deutsche Oper am Rhein adopte cette disposition, désormais usuelle un peu partout. Doit‑on rappeler que l’Opéra de Liège parvient, quant à lui, à proposer à ses auditeurs pas moins de quatre langues (français, flamand, allemand et anglais) sur ses écrans ?



Florent Coudeyrat

 

 

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