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Silence, on tourne !

Liège
Opéra royal de Wallonie
10/21/2022 -  et 23*, 25, 27, 29 octobre 2022
Gioachino Rossini : Il turco in Italia
Bruno de Simone (Don Geronio), Elena Galitskaya (Fiorilla), Guido Loconsolo (Selim), Mert Süngü (Don Narciso), Biagio Pizzuti (Prosdocimo), Julie Bailly (Zaida), Alexander Marev (Albazar)
Chœurs de l’Opéra royal de Wallonie, Denis Segond (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie, Giuseppe Finzi (direction)
Fabrice Murgia (mise en scène), Vincent Lemaître (décors), Marie‑Hélène Balau (costumes), Nicolas Olivier (lumières), Giacinto Caponio (vidéo)


(© Jonathan Berger/Opéra royal de Wallonie‑Liège)


Etonnant : l’Opéra royal de Wallonie n’avait encore jamais monté Le Turc en Italie (1814). Il est vrai que cet opéra de Rossini ne bénéficie pas encore de la même popularité que L’Italienne à Alger, créé peu de temps auparavant, malgré sa grande valeur et l’intérêt que lui ont manifesté d’éminentes chanteuses, comme, jadis, Maria Callas, plus récemment, Montserrat Caballé et Cecilia Bartoli. Sa présence à l’affiche demeure occasionnelle. Cette entrée au répertoire constitue, à tous points de vue, une réussite : cette nouvelle production met admirablement en valeur cet opéra savoureux et au grand potentiel théâtral.


L’action se déroule sur un plateau de tournage où Prosdocimo, devenu réalisateur, et non plus poète, tente de monter un film. Fabrice Murgia n’a sans doute pas dû se creuser les méninges longtemps pour trouver cette idée, mais il la concrétise brillamment. Ce spectacle vif et drôle, pensé dans les détails, se déroule sans temps mort. Il se distingue par une direction d’acteur assez enlevée, mais sans excès, tout à la fois précise et soutenue, une qualité que n’affichent malheureusement pas toujours les productions de l’Opéra royal de Wallonie. Le metteur en scène accorde ainsi toute son importance à la psychologie des personnages. En outre, la scénographie, merveilleusement mise en lumière, se révèle d’une rafraîchissante légèreté – décors de studio, camion, caravane – et l’utilisation de la vidéo filmée en temps réel, procédé franchement éculé de nos jours, sert ici vraiment le propos. Seule la fête masquée en seconde partie paraît un peu pesante.


La distribution séduit par la cohésion et la précision du jeu d’ensemble. Le niveau général et l’engagement de tous compensent la légère frustration occasionnée par l’un ou l’autre timbre plus ordinaire ou moins séduisant. Valeur sûre dans ce répertoire, Bruno de Simone, authentique rossinien, caractérise parfaitement le personnage de Don Geronio et développe un chant d’une maîtrise et d’un style impeccables. Elena Galitskaya ne tarde pas à convaincre par son tempérament en Fiorilla. Le timbre reste affaire de goût, mais la technique se révèle solide, voire impressionnante, et l’expressivité ne laisse rien à désirer : la chanteuse parvient à rendre sans difficulté les états d’âme de son personnage au fort tempérament. Le chant ne transpire toutefois pas autant le naturel que celui de Bruno de Simone, voire du physiquement crédible Guido Loconsolo en Selim, vrai séducteur latin, la chemise blanche ouverte sur une poitrine généreusement poilue. Le Don Narciso de Mert Süngü a vraiment de la prestance mais nous aurions aimé des aigus plus percutants et une ligne de chant plus fine. En revanche, Biagio Pizzuti habite le personnage de Prosdocimo avec une évidence et une maîtrise, une juste distance, aussi, qui rendent son interprétation idéale. En Zaida, Julie Bailly confirme ses capacités scéniques et vocales, tandis que le jeune Alexandre Marev – un potentiel à confirmer – parvient à attirer positivement l’attention en Albazar.


Pour la première fois dans cette fosse, Giuseppe Finzi dirige un orchestre à son meilleur niveau tout en se chargeant des récitatifs au clavecin. Conciliant énergie et élégance, les musiciens jouent cette musique fine et pétillante avec la netteté et l’effervescence attendues, malgré un léger essoufflement à la fin. Rigoureusement préparés par Denis Segond, les choristes répondent aussi aux attentes, au même titre que les figurants. Notons, à ce titre, que depuis longtemps, des adultes en situation de handicap du Centre de jour liégeois apparaissent régulièrement sur cette scène, comme dans cette plaisante production que nous reverrions bien volontiers.



Sébastien Foucart

 

 

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