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Le national au pays des mythes et des contes

Paris
Maison de la radio et de la musique
10/13/2022 -  
César Franck : Psyché
Maurice Ravel : Shéhérazade
Serge Prokofiev : Cendrillon, opus 87 (extraits)

Siobhan Stagg (soprano)
Orchestre national de France, Cristian Măcelaru (direction)


S. Stagg (© Todd Rosenberg)


Psyché, Shéhérazade, Cendrillon : le dernier programme du National rend hommage à trois mythes féminins, que la musique a plusieurs fois illustrés. Mais le concert commence mal : si Cristian Măcelaru s’attache aux nuances des quatre mouvements orchestraux du poème symphonique de Franck, il manque de souplesse et l’érotisme brûlant de la musique, en particulier celle de « Psyché et Eros », échappe totalement à cette direction appliquée et corsetée. Peut‑être l’orchestre a‑t‑il besoin de se chauffer : la baguette s’assouplit et s’arrondit pour Shéhérazade de Ravel, dont les chatoiements sensuels se marient à la voix pleine de rondeur fruitée de Siobhan Stagg – elle remplace Fatma Saïd souffrante. La soprano australienne se révèle aussi excellente diseuse, sertissant les mots de Tristan Klingsor dans une ligne délicatement galbée, avec une fraîcheur digne de Mélisande : voilà bien la jeune et séduisante conteuse. En bis, « Morgen » montre une authentique straussienne, portée par le violon magnifique de Sarah Nemtanu et un Cristian Măcelaru de plus en plus libéré – quelle adorable Sophie elle doit être...


Créé en 1945, la Cendrillon de Prokofiev, surtout connue des amateurs de ballets, a du mal à s’imposer auprès des mélomanes, à l’inverse de Roméo et Juliette. Cristian Măcelaru nous en rappelle les beautés, à travers une suite de quatorze numéros qu’il a lui‑même établie en respectant la trame narrative de l’œuvre. Le lyrisme profus, l’éclat de la musique de Prokofiev lui siéent à merveille et le National brille ici de tous ses feux. Les cordes, qui manquaient de velours chez Franck, se sont superbement affinées. Que ce soit pour les subtilités de la « Danse du châle » ou du « Départ interrompu », le mystère d’« Orientalia » ou les grands déploiements de la « Variation du Prince » ou du « Prince et Cendrillon » final, la direction du chef roumain déborde de couleurs et de générosité – à peine pourrait‑on souhaiter les valses un rien plus légères. Après Shéhérazade, de quoi faire oublier les raideurs de Psyché... dont, bicentenaire de la naissance de Franck oblige, on devrait nous donner l’intégrale.



Didier van Moere

 

 

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