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Michel Plasson : le concert de ses 89 ans

Nice
Opéra
10/15/2022 -  
Maurice Ravel : Ma mère l’Oye – Concerto en sol : 2. Adagio assai & 3. Presto
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Concerto pour violon, opus 35 : 2. Canzonetta. Andante & 3. Finale. Allegro vivacissimo
César Franck : Symphonie en ré mineur

Bohdan Luts (violon), Oleksandr Dzvinkovskyi (piano)
Orchestre philharmonique de Nice, Michel Plasson (direction)


M. Plasson (© André Peyrègne)


Il arriva d’un pas menu, appuyé sur une canne, sur la scène de l’Opéra de Nice. De longs applaudissements accompagnèrent son entrée. Un musicien l’aida à monter à son pupitre. Michel Plasson avait choisi de donner à Nice, samedi dernier, le concert de ses 89 ans. (Il est né, exactement, le 2 octobre 1933). Il s’installa sur une chaise pour diriger l’ensemble du concert.


Un simple petit geste de sa baguette et tout l’orchestre s’élança avec lenteur dans Ma mère l’Oye de Ravel. Malgré la lenteur du tempo, tout de suite apparut la magie de la Musique Française – cette musique qu’on peut écrire avec des majuscules et que Michel Plasson a défendue toute sa vie ! Du haut de son pupitre, le vieux capitaine était toujours là pour la défendre. Elle était si fort ancrée en lui. Penché au‑dessus de sa partition, il économisait ses gestes, indiquait peu d’entrées aux musiciens – mais les musiciens d’un grand orchestre comme celui de Nice ont suffisamment de métier pour attaquer au bon moment !


Ce que le vieux capitaine cherchait à faire, c’était moins à « diriger » qu’à créer des atmosphères. En cela, il réussit totalement. Ma mère l’Oye eut des couleurs moirées, des transparences d’aurore – en particulier lorsque les violons étaient en sourdine, lorsque la harpe se répandait en glissandos ou lorsque le célesta faisait entendre ses tintements légers.


Dans la Symphonie de Franck, les couleurs étaient celles de l’automne. Toute l’œuvre fut baignée d’une ambiance de mélancolie. Même les fanfares semblaient avoir une sorte de patine. Michel Plasson sut créer sa propre atmosphère. Et les musiciens du Philharmonique de Nice traduisaient ses intentions, les devinaient, les anticipaient même. On aima ainsi le solo de cor anglais de Diane Chirat qui participait à cette poésie ambiante.


Michel Plasson n’était pas venu seul. Il avait amené avec lui deux jeunes musiciens ukrainiens issus d’un groupe de vingt qu’il a accueilli cet été dans son Académie de musique française de Régismont, près de Béziers. Certains sont ensuite repartis au combat ou retournés chez eux pour aider leurs familles en détresse. Ces deux jeunes étaient le pianiste Oleksandr Dzvinkovskyi et le violoniste Bohdan Luts. Michel Plasson les accompagna dans deux mouvements du Concerto en sol de Ravel et du Concerto pour violon de Tchaïkovski. Par leur assurance et leur brio, ces jeunes n’avaient rien à envier à nos plus brillants lauréats du Conservatoire de Paris. Ils se souviendront des bravos bien mérités recueillis dans un grand opéra occidental, mêlés d’apostrophes « Vive l’Ukraine ! ».


A la fin du concert, Michel Plasson s’avança sur le devant de la scène et adressa un geste d’au revoir de la main. Il sortit même son mouchoir pour l’agiter devant le public. Au cours des répétitions, il avait avoué au musiciens que ce serait peut‑être son dernier concert. Dans la salle, le public, debout, avait le cœur serré...



André Peyrègne

 

 

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