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L’art de la transparence

Zurich
Opernhaus
09/18/2022 -  et 21, 29 septembre, 2, 5, 8*, 18 octobre 2022
Richard Wagner : Die Walküre
Eric Cutler*/Magnus Vigilius (Siegmund), Christof Fischesser (Hunding), Tomasz Konieczny (Wotan), Daniela Köhler (Sieglinde), Patricia Bardon (Fricka), Camilla Nylund/Lise Lindstrom* (Brünnhilde), Sarah Cambidge (Helmwige), Julie Adams (Gerhilde), Justyna Bluj (Ortlinde), Anna Werle (Waltraute), Simone McIntosh (Siegrune), Susannah Haberfeld (Rossweisse), Freya Apffelstaedt (Grimgerde), Nana Dzidziguri (Schwertleite)
Philharmonia Zürich, Gianandrea Noseda (direction musicale)
Andreas Homoki (mise en scène), Christian Schmidt (décors, costumes), Florian Schaaf (collaboration artistique aux décors), Franck Evin (lumières), Werner Hintze, Beate Breidenbach (dramaturgie)


(© Monika Rittershaus)


La nouvelle production de La Walkyrie de l’Opernhaus de Zurich, première journée de la Tétralogie wagnérienne, vient confirmer les excellentes impressions laissées par L’Or du Rhin au mois de mai. Le principal artisan de cette réussite est Gianandrea Noseda. Comme il l’avait fait pour le Prologue, le chef italien offre une lecture claire et transparente de la partition, faisant entendre chaque détail. Sa direction est nerveuse et acérée, électrisante pour tout dire. Véritable chef de théâtre, le maestro s’emploie à ne jamais relâcher la tension dramatique et les changements de climat sont parfaitement fluides. Sous sa baguette, le Philharmonia de Zurich est capable des fulgurances les plus explosives, sans pour autant jamais couvrir les chanteurs, comme des frémissements les plus soyeux. Ainsi, on gardera longtemps en mémoire les accords des violoncelles accompagnant les premiers regards entre Siegmund et Sieglinde ou encore les nombreux crescendi enivrants tout au long de la soirée. A la fin du spectacle, on quitte le théâtre émerveillé, avec l’impression d’avoir entendu Wagner comme jamais auparavant.


Scéniquement, Andreas Homoki, par ailleurs directeur de l’Opernhaus, reprend les grandes lignes du concept qu’il avait élaboré pour L’Or du Rhin  : l’histoire est ici un drame bourgeois, transposé dans les différentes pièces, blanches et vides, d’une immense bâtisse, lesquelles ne cessent de tourner sur elles-mêmes. Seule une pièce, la salle de réunion du Walhalla, contient une très longue table et de nombreuses chaises. Les scènes d’extérieur sont délimitées par les murs de la maison, qu’il s’agisse de la scène de la cabane de Hunding ou encore de celle de la forêt dans laquelle s’enfuient Siegmund et Sieglinde. Comme il l’avait fait pour le Prologue, le metteur en scène raconte le livret de manière simple et illustrative, presque naïve, sans alourdir le propos d’allusions ou de références absconses ; l’action est ainsi parfaitement compréhensible. Seul parti pris, ou presque, mais notable : c’est la lance de Wotan qui transperce Siegmund ; Wotan qui va aussi tuer Hunding, lequel s’affaisse dans des spasmes violents.


Wotan est ici clairement le « deus ex machina » : c’est lui qui va susciter la rencontre entre Siegmund et Sieglinde, qui va apporter à cette dernière de l’eau pour désaltérer son frère jumeau ou encore qui va placer dans un tronc d’arbre l’épée dont s’emparera Siegmund, bref c’est lui qui tire les ficelles. Il est superbement incarné par un Tomasz Konieczny à la voix homogène, parfaitement conduite et à la projection exemplaire, dessinant un personnage résigné et terriblement humain, surtout lorsqu’il doit se séparer de sa fille préférée, dans une dernière scène particulièrement intense en émotion. Le Hunding de Christof Fischesser impressionne par ses graves sonores et son allure de bête sauvage que lui donne son épaisse fourrure. Avec ses accents affûtés et sa diction irréprochable, Patricia Bardon campe une Fricka des plus déterminées et intransigeantes. Daniela Köhler est une Sieglinde intense et rayonnante. Eric Cutler est un Siegmund héroïque et ardent, mais fragile aussi, qui réussit à tenir longuement les tant attendus « Wälse ! Wälse ! » du premier acte et dont les « Winterstürme » sont emplis de sensualité. Lise Lindstrom est arrivée de Berlin une demi‑heure avant le début de la représentation pour remplacer une collègue souffrante dans le rôle de Brünnhilde. Heureusement, elle avait déjà chanté la générale et connaissait donc la production. Elle a relevé le défi avec beaucoup d’aplomb et sans la moindre hésitation, ce qui en dit long sur sa prestation. On n’oubliera pas non plus les solides Walkyries au casque à la tête de cheval. On attend désormais avec impatience les deux derniers volets de cette nouvelle Tétralogie zurichoise, qui devrait faire date.



Claudio Poloni

 

 

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