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Message d’espoir Biarritz Théâtre du Casino municipal 09/15/2022 - 14, 15, 16 (Bayonne), 30 (Iruna) janvier, 5 (Mont‑de‑Marsan), 8 (Arcachon), 12 (Barakaldo) février 2022 Gernika Martin Harriague (chorégraphie, mise en scène, dramaturgie, scénographie, lumières), Xabi Etcheverry avec Patxi Amulet et Stéphane Garin (musiques)
Arthur Barat, Zibel Damestoy, Ioritz Galarraga, Oihan Indart, Aimar Odriozola (danseurs)
Patxi Amulet (accordéon, clavier, harmonium indien, chant), Xabi Etcheverry (violon, alto, guitare, tambourin à cordes), Stéphane Garin (percussions)
(© Olivier Houeix)
Le collectif basque Bilaka a repris pour l’édition 2022 du Temps d’Aimer la Danse son spectacle Gernika, une chorégraphie très forte de Martin Harriague créée en janvier 2022 à Bayonne.
Il est rare que le succès d’un spectacle chorégraphique tienne autant à la force de la danse qu’à celle de la musique et à la qualité des éclairages. C’est le cas de Gernika, que Martin Harriague a réalisé avec le collectif Bilaka, qui œuvre à « l’activation contemporaine de la danse et la musique traditionnelle du Pays basque ». Il s’inspire du tragique épisode de la guerre d’Espagne quand, en 1937, Hitler fit bombarder pour la première fois dans l’histoire moderne une population civile un jour de marché dans la ville basque de Guernica pour créer la terreur dans le contexte de la guerre civile menée par le général Franco.
Le travail de Martin Harriague porte autant sur la narration de l’horreur de cet épisode tragique que sur la délivrance d’un message d’espoir. Dans une scénographie sombre qui inclut un riche orchestre qu’animent seulement trois musiciens, on assiste successivement à la liesse populaire d’un jour de marché sur un joyeux fandango puis à l’arrivée des avions, des obus qui descendent au ralenti des cintres. Suivent la désolation, les ruines, les corps morts, les assauts de soldats armant leurs fusils et même un discours de Franco avant que ne reviennent la vie, la joie et l’espoir.
Les cinq danseurs incarnent tous ces états avec une incroyable frénésie. Le style chorégraphique de Harriague est tout autant imprégné de culture basque que de celui acquis à l’école israélienne de la Kibbutz Contemporary Dance Company de Tel Aviv où il a travaillé plusieurs années avant de rejoindre le Ballet Malandain à Biarritz. Tout cela résonne terriblement avec les conflits armés qui aujourd’hui ensanglantent le Moyen‑Orient et l’Ukraine.
La musique réalisé par Patxi Amulet, Xabi Etcheverry et Stéphane Guérin est d’une diversité et d’une force admirables et donne une véritable structure rythmique à la dramaturgie et au déroulé de l’histoire. Simple mais efficace avec des éclairages magiques, la sombre scénographie réalisée par Martin Harriague est un autre élément de force de ce superbe spectacle longuement acclamé par le public du festival.
Olivier Brunel
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