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Retour des phalanges américaines

Paris
Philharmonie
09/06/2022 -  
Samuel Barber : Knoxville: Summer of 1915, opus 24
Valerie Coleman : This Is Not a Small Voice
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 3 « Eroica », opus 55

Angel Blue (soprano)
The Philadelphia Orchestra, Yannick Nézet‑Séguin (direction)


Y. Nézet‑Séguin, A. Blue (© Todd Rosenberg)


L’ouverture de la saison de la Philharmonie se fait sous le signe du retour des phalanges américaines à Paris après la crise sanitaire de la covid‑19. C’est l’Orchestre de Philadelphie et son chef depuis dix ans Yannick Nézet‑Séguin qui ouvrent cette saison qui verra également le Symphonique de San Francisco et son chef Esa‑Pekka Salonen en mars 2023 et l’Orchestre du MET de New York en juin 2023 également dirigé par Yannick Nézet‑Séguin.


Merveilleux chef de fosse, Yannick Nézet‑Séguin présente volontiers sur scène deux visages. Comme on a pu le constater lors du concert consacré à L’Or du Rhin de Wagner avec le Philharmonique de Rotterdam au Théâtre des Champs‑Elysées en avril dernier, il excelle à accompagner les chanteurs mais tire volontiers la couverture à lui, faisant briller techniquement l’orchestre et le poussant aux extrémités de ses possibilités acoustiques quand la partition le permet souvent en dépit de considérations purement musicales.


C’était tout à fait typique lors de ce premier des deux concerts de l’Orchestre de Philadelphie, dont la tournée européenne est passée deux soirs par Paris. La première partie, consacrée à la musique américaine, mettait en valeur le soprano américain Angel Blue, dont on a pu admirer la Marguerite lors de la reprise du Faust de Gounod à la fin de la saison dernière à l’Opéra de Paris. Très attentif à son chant magnifique et puissant, le chef québécois a fait valoir toutes les subtilités de deux partitions vocales pour lui créer un écrin magnifiquement coloré.


Deux réserves cependant. La chanteuse étant placée derrière l’orchestre, la voix était parfois couverte par les tutti surtout dans Knoxville: Summer of 1915 de Barber. Pourquoi aussi ne pas avoir fait jouer en premier l’œuvre de Valerie Coleman This Is Not a Small Voice (2022), donnée en création française, qui joue dans le même registre littéraire de nostalgie de l’enfance et des jours heureux mais n’a pas, malgré le propos militant du texte de la poétesse et militante Sonia Sanchez, la force et la qualité de l’œuvre de Barber ? Cela aurait permis d’éviter le handicap de l’inévitable comparaison. Angel Blue a interprété ces deux partitions avec les mêmes qualités vocales mais elle restera inoubliable par sa participation à Knoxville, œuvre crée en 1948 sur un poème de James Agee par Eleanor Steber et immortalisée au disque par Leontyne Price en 1956 (RCA Victor).


Un des effets pervers de la multiplication contemporaine des grandes maisons de concert principalement dédiées aux concerts symphoniques (ou « philharmonies ») est que le public se forme progressivement à la comparaison, ce qui est bénéfique mais aussi à la recherche de la rivalité entre grandes phalanges orchestrales. Il en résulte souvent que les grandes œuvres du répertoire, particulièrement lorsque les orchestres se produisent en tournée, sont l’objet de démonstrations de la qualité purement technique, voire sonore, d’un orchestre. Dans l’exécution de la Troisième Symphonie de Beethoven aux tempi très rapides, aux phrasés brusqués et jouée à un niveau sonore inutilement élevé (dont l’acoustique de la Philharmonie de Paris se fait volontiers complice), il nous a semblé que les qualités purement musicales étaient sacrifiées. Ajoutons que ce n’est pas forcément l’avis du public, qui lui a réservé un déluge d’applaudissements même entre les mouvements... Après une telle démonstration sonore, la courte pièce Adoration de la compositrice afro‑américaine Florence Price (1887‑1953), qui n’offre aucune possibilité d’excès dans le volume sonore, venait comme un baume apaisant caresser les oreilles d’un public conquis.


Le site de l’Orchestre de Philadelphie
Le site de Yannick Nézet‑Séguin
Le site de Valerie Coleman



Olivier Brunel

 

 

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