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Lumineux

San Sebastian
Auditorium du Kursaal
08/27/2022 -  et 25 août 2022 (Saint‑Jean‑de‑Luz)
Antonín Dvorák : Karneval, opus 92, B. 169
Bohuslav Martinů : Concerto pour deux pianos, H. 292
Leos Janácek : Msa glagolskaja

Evelina Dobraceva (soprano), Lucie Hilscherová (alto), Ales Briscein (ténor), Jan Martiník (basse), Katia et Marielle Labèque (piano), Daniela Valtová Kosinová (orgue)
Orfeón Donostiarra, José Antonio Sainz Alfaro (chef de chœur), Ceská filharmonie, Semyon Bychkov (direction)


S. Bychkov (© Umberto Nicoletti)


Le plus ancien festival d’Espagne terminait sa brillante Quincena Musical par un grand concert de musique tchèque. Pour cela, Patrick Alfaya, le sympathique directeur artistique de ce festival depuis 2009, avait invité pour deux concerts l’Orchestre philharmonique tchèque, qui vient de fêter son centenaire. Après une Septième Symphonie de Mahler (une œuvre créée à Prague en 1908) donnée avec grand succès la veille, place ce soir à un original programme entièrement tchèque déjà donné deux jours auparavant dans le cadre du Festival Ravel en Pays Basque en l’église Saint-Jean-Baptiste de Saint‑Jean‑de‑Luz.


La belle acoustique de ce magnifique auditorium construit en bord de mer en 1999 permet de mieux profiter de ce programme. Dès l’Ouverture Carnaval, l’orchestre sonne puissant et noble autant que précis et engagé. L’envolée finale est menée avec lyrisme mais sans excès par le chef américain d’origine russe, qui est le directeur musical de la Philharmonie tchèque depuis 2018. Le Concerto pour deux pianos de Martinů est lui aussi magnifiquement servi, notamment par les sœurs Labèque depuis longtemps familières de l’œuvre, et sa construction en trois mouvements y paraît comme une évidence, ce qui n’était pas le cas dans l’acoustique moins précise de l’église de Saint‑Jean‑de‑Luz. Sans être l’œuvre la plus intéressante du compositeur tchèque, l’entendre ici en quelque sorte dans son arbre généalogique est un plaisir rare. En bis, les sœurs Labèque nous offrent un arrangement pour deux pianos du West Side Story de Leonard Bernstein dont elles ont le secret.


Mais le cœur de ce programme était bien la trop rare et si puissante Messe glagolitique. Commençons par la seule réserve de cette exécution : le choix d’un orgue insuffisamment dimensionné pour une salle de 2 000 places alors que le rôle de cet instrument, soliste à deux reprises, y est essentiel. Mais hormis ce point, quel plaisir que cette interprétation lumineuse dirigée à mains nues par un Semyon Bychkov que l’on sait familier de cette œuvre, qu’il a notamment donnée en 1993 lorsqu’il était directeur musical de l’Orchestre de Paris. Les neuf mouvements successifs mettent en valeur la beauté d’un l’orchestre à la belle sonorité d’ensemble et sans faiblesse. Les cuivres, précis et justes mais jamais envahissants, se couvrent de gloire dans leurs nombreuses et essentielles interventions. Parmi les solistes, le ténor Ales Briscein et la soprano Evelina Dobaceva, aux interventions plus conséquentes, montrent de belles qualités d’intonation, de précision et d’engagement. La basse Jan Martiník est également impressionnante. Il faut dire que les solistes sont soutenus à chaque moment par la direction attentive de Semyon Bychkov. Il en est de même pour le chœur, le célèbre Orfeón Donostiarra, qui fête cette année ses cent vingt‑cinq ans et qui chante cette œuvre pour sa seconde fois de son histoire comme si elle était à son répertoire depuis toujours. On y retrouve les qualités connues de cet ensemble, puissance ce qui n’exclut pas de superbes pianissimi, engagement, réactivité et une polyphonie toujours audible, toutes qualités témoins d’un ensemble choral unique. Le mérite en revient d’abord au travail à la fois exigeant et enthousiaste de son chef depuis 1986, José Antonio Sainz Alfaro, qui a façonné un ensemble à la fois solide et flexible et en a fait l’un des meilleurs chœurs européens.


Un magnifique concert de clôture donc pour ce festival décidément différent et si attachant. On ne peut que se réjouir du rapprochement avec une autre manifestation, elle naissante mais également séduisante, le Festival Ravel en Pays Basque (Maurice Ravel, rappelons‑le, est né à Ciboure au Pays basque français, à deux pas de la frontière avec le Pays basque espagnol), dont c’était cette année la deuxième édition sous la direction artistique conjointe de Jean‑François Heisser et Bertrand Chamayou. Vivement en 2023 la quatre‑vingt‑quatrième édition de la Quincena Musical... et la troisième édition du Festival Ravel en Pays Basque.


Le site de la Quincena Musical



Gilles Lesur

 

 

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