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Lucerne à l’heure de la diversité

Lucerne
Centre de la culture et des congrés
08/12/2022 -  
Wolfgang Rihm : Verwandlung 4 für Orchester
Joseph Bologne, Chevalier de Saint‑George : Concerto pour violon en la majeur, opus 5 n° 2
Sergueï Rachmaninov : Symphonie n° 2 en mi mineur, opus 27

Anne‑Sophie Mutter (violon)
Lucerne Festival Orchestra, Riccardo Chailly (direction)


A.‑S. Mutter, R. Chailly (© Peter Fischli/Festival de Lucerne)


Diversité, tel est le thème de l’édition 2022 du Festival de Lucerne. Pourquoi les orchestres classiques sont‑ils composés essentiellement d’hommes blancs ? C’est la question qu’a posée Chi‑chi Nwanoku dans une allocution tenue en introduction du concert d’ouverture. La fondatrice et responsable de la fondation Chineke! a créé un orchestre (Chineke! Orchestra) pour offrir aux personnes de couleur la possibilité de faire leurs premières armes dans une formation symphonique. Et c’est d’ailleurs un concert de cette phalange qui mettra un terme au festival, le 11 septembre.


Diversité donc. D’où le choix de programmer pour le concert d’ouverture une œuvre de Joseph Bologne de Saint‑George – plus connu sous le nom de Chevalier de Saint‑George. Né en Guadeloupe en 1745, il est le fils d’une esclave noire et d’un aristocrate français propriétaire de plusieurs plantations. Comme il fait preuve très tôt d’une facilité déconcertante pour apprendre la musique, son père décide de l’envoyer en France pour qu’il reçoive la meilleure formation possible. Joseph Bologne se fait aussi remarquer par ses autres talents : il est excellent escrimeur, sportif accompli mais aussi danseur et poète. Contemporain du génie de Salzbourg, il est surnommé le « Mozart noir ». Son Concerto pour violon opus 5 n° 2 met en valeur la virtuosité de l’interprète, qui dialogue avec l’orchestre dans un discours galant et élégant. Le hic, c’est que même défendue avec brio et panache par rien moins qu’Anne‑Sophie Mutter, éblouissante dans les nombreux passages virtuoses de l’œuvre, la musique de Joseph Bologne n’est pas des plus inspirées, et l’ennui guette très vite. N’est pas Mozart qui veut. Il convient néanmoins de saluer la décision de programmer une œuvre sortant des sentiers battus du répertoire.


Verwandlung 4 de Wolfgang Rihm, œuvre pour orchestre présentée en début de concert, sort aussi des sentiers battus. Compositeur le plus prolifique de sa génération, Rihm est également directeur artistique de l’Académie du Festival de Lucerne, fondée en 2004 par Pierre Boulez. Le festival a décidé de programmer une de ses pièces pour fêter comme il se doit ses 70 ans. Wolfgang Rihm connaît bien Riccardo Chailly, directeur musical de l’Orchestre du Festival de Lucerne, lequel a présenté en première mondiale Verwandlung 2 en 2005, à la tête de l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig. « Verwandlung » peut se traduire par « transformation » ou « métamorphose ». Le cycle Verwandlung fait référence à un processus musical soumis à des changements constants, chaque pièce du cycle faisant l’objet d’une transformation permanente. Proposant Verwandlung 4 en première suisse, Riccardo Chailly en accentue les contrastes pour en donner une interprétation particulièrement dynamique et intense.


Si l’on ne peut pas vraiment dire que la Deuxième Symphonie de Rachmaninov – pièce de résistance de la soirée – sorte des sentiers battus, il convient néanmoins de reconnaître que pour beaucoup de mélomanes, le compositeur russe est encore et toujours assimilé à ses concertos pour piano. Ses trois symphonies se font lentement une place dans le répertoire, et c’est assurément la Deuxième qui est la plus populaire. Œuvre d’inspiration romantique, de teinte plutôt sombre, elle peut facilement sombrer dans le pathos et la sensiblerie. Fort heureusement, Riccardo Chailly évite tout excès et toute boursouflure pour en offrir une exécution sobre, précise et efficace, non dénuée de profondeur, avec des changements de climat bien amenés et des déferlements sonores bien maîtrisés. De la belle ouvrage, indéniablement. Le Festival de Lucerne va se poursuivre cinq semaines durant, avec les orchestres les plus réputés et les chefs les plus prestigieux.



Claudio Poloni

 

 

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