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Jeunesse et virtuosité

Normandie
Salle Elie de Brignac-Arqana
08/03/2022 -  
Bohuslav Martinů : Etudes et Polkas (Premier Livre), H. 308 (&) – Adagio « Vzpomínky », H. 362 (&) – Quatuor avec piano n° 1, H. 287 (*)
Felix Mendelssohn : Drei Präludien, opus 104b (+) – Lied ohne Worte, opus 67 n° 2 (+) – Quatuor avec piano n° 3 en si mineur, opus 3 (#)

David Moreau (*), Vassily Chmykov (#) (violon), Anna Sypniewski (alto), Stéphane Huang (violoncelle), Arthur Hinnewinkel (& *), Gaspard Thomas (+ #) (piano)


A. Hinnewinkel (© Fondation Singer-Polignac)


Le quatrième concert de l’Août musical de 2022 s’articulait comme les deux précédents autour de deux seuls compositeurs. La première partie est consacrée à trois œuvres de Bohuslav Martinů (1890‑1959) et la seconde, symétriquement, à trois œuvres également mais de Felix Mendelssohn (1809‑1847), chacune commençant par un mini‑récital pour piano seul alors que le festival est classiquement consacré à la musique de chambre et à la pratique collective comme on dit dans les conservatoires.


Yves Petit de Voize, le directeur artistique du festival depuis sa fondation, a bien raison de programmer des œuvres de Martinů de temps en temps. Elles en valent la peine contrairement à ce que les intégristes sériels ont pu faire croire. Leur force motrice et l’influence de la danse et du jazz happent souvent l’auditeur. Ces qualités se retrouvent d’ailleurs bien dans les œuvres proposées ce soir. C’est le cas tout d’abord dans le Premier Livre des Etudes et Polkas (1945). A la manœuvre, il y a un nouveau venu au festival, Arthur Hinnewinkel. Né en 2000 aux Etats‑Unis, formé à Singapour et en France, compositeur par ailleurs, c’est un très jeune pianiste intéressé par des horizons musicaux et artistiques fort variés et en résidence à la Fondation Singer-Polignac à Paris. Longiligne, aux mains immenses, il surfe sans difficulté sur les vagues de ces Etudes et Polkas, manifestement très à l’aise avec les changements de rythmes et la pulsion jazzy (Polka en la), et sait valoriser cette rythmique typique de Martinů qui gonfle progressivement dans une sorte de frénésie. La variété de son toucher, qui impressionne d’emblée, surtout si l’on prend en considération son âge, se retrouve dans le Quatuor avec piano (1942). Il surclasse alors des cordes un peu vertes même si elles sont prometteuses. Ce pianiste est vraiment une révélation. Ce n’est pas du tout un avaleur d’ivoire sans personnalité. Il mérite d’être suivi avec une extrême attention et on a hâte de le réentendre.


La seconde partie du concert, au cours de laquelle il s’installe avec ses amis au milieu du public, débute par quelques pièces pour piano seul de Felix Mendelssohn sous les doigts d’un autre interprète, à peine moins jeune, Gaspard Thomas (né en 1997), également en résidence à la Fondation Singer-Polignac. Il effleure les touches avec brio dans trois Etudes (1838) où la virtuosité s’impose, quoique un peu inane, et passe un peu rapidement sur la célèbre Romance sans paroles (1845) pour la nuancer suffisamment. Le potentiel de l’artiste reste impressionnant. On le retrouve ensuite en compagnie d’Anna Sypniewski à l’alto et de Stéphanie Huang au violoncelle, Vassily Chmykov, pas toujours bien juste, remplaçant David Moreau entendu en première partie au violon, pour le Quatuor composé par un Mendelssohn de... 16 ans. On a un peu de mal à s’intéresser à ce déluge de notes dans lequel pourtant nos jeunes artistes donnent le meilleur d’eux‑mêmes. Leur coordination est exemplaire et l’on sent qu’au‑delà de leur talent, un énorme travail a été fourni. L’émotion vient aussi de là. Il n’est pas étonnant dans ces conditions que l’avant‑dernier mouvement, Allegro molto, ait suscité des applaudissements. La faible assistance, incompréhensible au regard du programme et des importants efforts de communication déployés en ville, dans la presse et sur France Musique, le confirma après un Allegro vivace final brillant et enflammé.


Prochain concert : vendredi 5 août, toujours dans la salle Elie de Brignac-Arqana.



Stéphane Guy

 

 

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