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Les surprises d’un contre-ténor

Verbier
Eglise
07/22/2022 -  
Johann Joseph Fux : « Non t’amo per il ciel »
Henry Purcell : Oedipus, Z.583 : « Music for a while » – King Arthur, Z.628 : « Fairest Isle » & « Cold Song » – Come, Ye sons of Art Away (Ode for Queen Mary’s Birthday), Z.323 : « Strike the viols » – The Tempest, Z.631 : « Your awful voice I hear »
Henryk Czyz : Pozegnania
Mieczyslaw Karlowicz : Piesni, opus 3 : 2. « Z Erotyków », 1. « Mów do mnie jeszcze », 5. « Spi w blaskach nocy », 6. « Przed nocą wieczną », 4. « Na spokojnym, ciemnym morzu », 8. « W wieczorną ciszę » & 10. « Zaczarowana królewna »
Stanislaw Moniuszko : Lza – Prząsniczka
Georg Friedrich Haendel : Alleluja, Amen, HWV 269

Jakub Józef Orlinski (contre-ténor), Michal Biel (piano)


M. Biel, J. J. Orlinski (© Michel Racine)


Trois ans après ses débuts au Festival de Verbier, le contre‑ténor Jakub Józef Orlinski a enflammé une nouvelle fois la petite église de la station suisse dans un splendide récital au programme original, mêlant œuvres de musiciens baroques et airs de compositeurs polonais. Si sa prestation de 2019 avait suscité plusieurs réserves, le concert de cette année n’appelle que des éloges. Accompagné au piano par le fidèle Michal Biel, le chanteur a pu, en à peine plus d’une heure, donner la pleine mesure de son immense talent et conquérir le public, dont la majeure partie était déjà largement acquise à sa cause. Ce qui frappe quand on entend chanter Jakub Józef Orlinski, c’est d’abord la plénitude de la voix, une voix qui n’a rien d’artificiel, qui s’est élargie et qui a gagné en substance ; c’est aussi la projection du timbre, insolente, chose plutôt rare pour un contre‑ténor. On est en outre séduit par la richesse non seulement du médium mais aussi du registre grave, autre surprise pour ce type de voix. Si Jakub Józef Orlinski est indubitablement à son meilleur dans les airs élégiaques et mélancoliques, le programme comprenait aussi quelques compositions virtuoses qui ont mis en valeur la précision et la justesse des vocalises ainsi que la longueur du souffle. L’interprète s’est toujours montré très investi dans son chant et n’a jamais été avare de nuances, avec notamment de splendides pianissimi. Amateur de breakdance, il a su pourtant faire preuve de sobriété et de gravité durant tout le récital. Et il a tout de suite réussi à créer un lien avec le public, en lançant un tonitruant « Hi Verbier ! » à la fin de son premier air, sans même parler du moment où il s’est arrêté de chanter en voyant une spectatrice du premier rang qui se tordait de douleur pour ne pas tousser. Plus trivialement, il faut dire par ailleurs que Jakub Józef Orlinski a un physique des plus avantageux, dont il joue volontiers. Il s’est entouré d’une équipe qui gère son image et sa communication. Trois jours après son récital à Verbier, les photographies officielles du concert n’avaient toujours pas été validées, si bien que c’est une photo de spectateur qui illustre le présent compte rendu. Il serait dommage que des considérations de marketing prennent le pas sur les aspects musicaux de la carrière de l’artiste.


Cela étant, le récital a débuté tout en douceur et en sensibilité avec l’air « Non t’amo per il ciel » de Johann Joseph Fux. Ont suivi plusieurs airs de Purcell, dont le célèbre « Cold Song » extrait de King Arthur, chanté de manière particulièrement expressive, avec des « death » fortement accentués et des notes nettement scandées. La première partie du programme a ensuite permis la découverte d’airs du compositeurs polonais Henryk Czyz, écrits en 1948. Composés pour un baryton-basse, ils étaient ici chantés pour la première fois par une voix de contre‑ténor. En seconde partie, les mélodies de Mieczyslaw Karlowicz et de Stanislaw Moniuszko ont séduit par leur simplicité, leur sobriété et leur côté touchant. A noter que Michal Biel s’est montré un accompagnateur raffiné et délicat. L’Alleluja, Amen de Haendel et ses pages particulièrement acrobatiques ont mis un terme à ce magnifique récital, qui s’est terminé sous un tonnerre d’applaudissements.



Claudio Poloni

 

 

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