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Liège
Opéra royal de Wallonie
06/17/2022 -  et 19*, 21, 23, 25 juin 2022
Giuseppe Verdi  : Simon Boccanegra
George Petean (Simon Boccanegra), Federica Lombardi (Amelia), Riccardo Zanellato (Jacopo Fiesco), Marc Laho (Gabrielle Adorno), Lionel Lhote (Paolo Albiani), Roger Joakim (Pietro), Xavier Petithan (Un capitano dei balestrieri), Anne-Françoise Lecoq (Un’ancella di Amelia)
Chœurs de l’Opéra royal de Wallonie, Denis Segond (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie, Speranza Scappucci (direction)
Laurence Dale (mise en scène), Gary McCann (décors), Fernand Ruiz (costumes), John Bishop (lumières)


(© Opéra royal de Wallonie-Liège/Jonathan Berger)


La saison touche à sa fin à l’Opéra royal de Wallonie avec un opéra absent de l’affiche depuis 2004. Cette nouvelle production de Simon Boccanegra (1857) est représentative de la plupart des spectacles de la scène liégeoise. Si les prestations musicales se hissent à un niveau élevé, la mise en scène présente un intérêt relatif, dû pour l’essentiel à l’absence d’une direction d’acteur percutante. Si les personnages existent malgré tout, le mérite revient d’abord au talent et au métier des chanteurs. Aussi, la conception de Laurence Dale demeure floue. La scénographie ne cherche pas à reconstituer fidèlement la Gênes du XIVe siècle, ni à actualiser librement cette histoire complexe mêlant sentiments et politique. Admirablement confectionnés par les ateliers, même les costumes sèment le trouble sur les intentions. Superbement éclairés par John Bishop, qui a conçu des teintes rouges du plus bel effet, les décors de Gary McCann évoquent pourtant, peut‑être involontairement, l’architecture monumentale de l’Allemagne nazie. Cette mise en scène, toutefois, réserve quelques remarquables idées, en particulier grâce à l’emploi, en fond de scène, d’une immense photographie d’une mer sous un ciel menaçant, de laquelle se détache à un moment, dans une semi-obscurité, sur un trône au sommet de quelques marches, la silhouette lasse et fatiguée de Simon Boccanegra. Exempt de maladresses, ce spectacle se laisse regarder, à condition de ne pas nourrir de trop grandes attentes dramaturgiques.


La représentation offre toutefois bien des satisfactions. Le rôle‑titre convient idéalement ç un chanteur de la stature de George Petean. Le baryton roumain concilie noblesse d’allure et fermeté du phrasé, et livre une incarnation crédible et profonde du doge de Gênes. Tout aussi persuasif en Jacopo Fiesco, aidé en cela par l’apparence que lui confèrent le costume, la perruque et le maquillage, Riccardo Zanellato partage à peu près les mêmes qualités vocales et interprétatives. Federica Lombardi séduit beaucoup en Amelia, dont elle possède assurément la tessiture et les moyens. Dans cette prise de rôle, la soprano captive dès son entrée en scène par sa beauté naturelle et sa présence charismatique.


La voix de Marc Laho n’affiche plus, naturellement, autant d’éclat mais le ténor suscite une fois de plus l’admiration par sa justesse interprétative et sa tenue vocale. Un chanteur plus jeune paraîtrait tout de même davantage plausible en Gabrielle Adorno, surtout à côté d’une telle Amelia. La prestation de Lionel Lhote n’encourt à ce titre aucun reproche : cet excellent baryton, aujourd’hui au sommet de sa maturité, incarne un Paolo Albiani de grande classe. Dans le petit rôle de Pietro, le probe et fiable Roger Joakim complète soigneusement cette distribution de qualité, tandis que les choristes forment un ensemble soudé et assez impressionnant.


Cette production tire aussi sa force, dans une large mesure, de la splendide direction musicale de Speranza Scappucci, qui a décidé de ne pas renouveler son mandat. Même si elle reviendra la saison prochaine, pour les Dialogues des carmélites, l’Opéra royal de Wallonie perd un excellent chef. Son Verdi, très engagé et constamment captivant, sonne avec précision et plénitude, puissance et nuance, dans un équilibre irréprochable avec le plateau. Capable de fulgurance comme de respiration, véritablement porté à incandescence, mais toujours sur les rails, l’orchestre confirme ses réelles compétences dans ce répertoire. La prochaine saison le confirmera, compte tenu de l’importance du répertoire italien, mais il nous tarde de l’entendre un jour dans un opéra tchèque, par exemple, ou dans le postromantisme allemand, pour obtenir la preuve irréfutable de son grand savoir‑faire.



Sébastien Foucart

 

 

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