About us / Contact

The Classical Music Network

Zurich

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Deux chanteurs en état de grâce

Zurich
Opernhaus
05/22/2022 -  et 26, 29 mai, 4, 12 juin 2022
Gaetano Donizetti : Lucia di Lammermoor
Massimo Cavalletti (Enrico Ashton), Lisette Oropesa (Lucia), Benjamin Bernheim (Edgardo di Ravenswood), Andrew Owens (Lord Arturo Bucklaw), Vitalij Kowaljow (Raimondo), Roswitha Christina Müller (Alisa), Iain Milne (Normanno)
Chor der Oper Zürich, Janko Kastelic (préparation), Philharmonia Zürich, Andrea Sanguineti (direction musicale)
Tatjana Gürbaca (mise en scène), Stephanie Lenzen (reprise de la mise en scène), Klaus Grünberg (décors et lumières), Anne Kuhn (collaboration aux décors), Silke Willrett (costumes), Kerstin Griesshaber (collaboration aux costumes), Beate Breidenbach (dramaturgie)


(© Herwig Prammer)



Après avoir fait chavirer le Staatsoper de Vienne, Lisette Oropesa et Benjamin Bernheim enflamment cette fois l’Opernhaus de Zurich dans Lucia de Lammermoor. Les deux chanteurs forment assurément un couple idéal pour le chef‑d’œuvre de Donizetti. Et ce soir, ils sont en état de grâce. Lisette Oropesa est confondante d’aisance et de maîtrise en Lucia, ne laissant absolument rien transparaître de la difficulté du rôle. Sa technique hors pair, ses vocalises parfaitement assurées, ses aigus lumineux, son timbre cristallin et ses demi‑teintes évanescentes en font aujourd’hui une Lucia inégalable. Elle fait délirer le public à chacune de ses interventions. Tout au plus pourrait‑on souhaiter un peu plus d’émotion dans l’interprétation, car chaque nuance, chaque inflexion paraissent tellement contrôlées. Benjamin Bernheim brille en Edgardo grâce à son timbre ardent et généreux, son sens du phrasé et son chant élégant et raffiné. Son « Tu che a Dio spiegasti l’ali » final, d’une rare émotion, est le parfait contrepoint de la scène de la folie de Lucia.


Dans sa mise en scène, Tatjana Gürbaca montre de façon très crue, sans jamais lésiner sur la brutalité et la violence, comment l’amour entre Lucia et Edgardo, dès leurs plus jeunes années, a été sacrifié par Enrico. La production a été étrennée en juin 2021, dans des circonstances particulièrement difficiles : à cette époque, la jauge était de cent spectateurs et des haut‑parleurs transmettaient dans la salle le son de l’orchestre, qui jouait à 1 kilomètre de là, dans un studio de répétition. Et à en juger par les comptes rendus des critiques qui ont assisté au spectacle, les deux interprètes principaux ont laissé le public plutôt indifférent, loin, très loin de l’enthousiasme déclenché aujourd’hui par Lisette Oropesa et Benjamin Bernheim. Mais autour de ces deux interprètes d’exception, c’est le vide, ou presque : l’Enrico de Massimo Cavalletti semble ne rechercher que les décibels et le chant de Vitalij Kowaljow en Raimondo paraît bien fruste et sommaire. Rien de très intéressant dans la fosse non plus, Andrea Sanguineti se contentant d’une direction bien peu inspirée et rudimentaire. Il n’empêche, cette soirée restera longtemps gravée dans les mémoires grâce à la prestation exceptionnelle de Lisette Oropesa et Benjamin Bernheim.



Claudio Poloni

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com