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Le sens du collectif

Tourcoing
Théâtre Raymond Devos
04/23/2022 -  et 22 avril 2022 (Lille)
Anton Webern : Passacaille, opus 1
Alban Berg : Concerto pour violon « Dem Andenken eines Engels »
Johannes Brahms : Symphonie n° 4, opus 98

Leila Josefowicz (violon)
Orchestre national de Lille, Louis Langrée (direction)


L. Josefowicz (© Chris Lee)


L’Orchestre national de Lille se produit, ce 23 avril, au Théâtre Raymond Devos, dans le cadre de la saison de l’Atelier lyrique de Tourcoing. La venue en voisin de l’ensemble actuellement sous la direction musicale d’Alexandre Bloch a attiré bien peu de monde, mais ce programme cohérent a été donné la veille à l’Auditorium du Nouveau Siècle, distant d’une quinzaine de kilomètres seulement. L’exécution de la Passacaille (1908) de Webern révèle une acoustique plutôt défavorable pour un orchestre de cette envergure, alors que les représentations d’opéra ne posent pas vraiment de problème de cet ordre. Sous la conduite de Louis Langrée, les musiciens séduisent dans cette œuvre d’esthétique encore postromantique avant tout à titre collectif, aucun pupitre ne se distinguant particulièrement, ce qui se confirmera par la suite, mais ils réussissent cette solide entrée en matière.


Dans le Concerto « à la mémoire d’un ange » (1936) de Berg, Leila Josefowicz développe une approche intensément habitée, mais qui peine à convaincre. Vêtue aux couleurs du drapeau ukrainien, la violoniste impose, en effet, un jeu pas toujours très précis, peu raffiné, trop souvent appuyé, trop chargé d’intentions, aussi, alors que cette œuvre ultime du compositeur appelle plus de finesse et de légèreté. L’interprétation est principalement réussie dans les passages dramatiques et tumultueux, et elle laisse peu de doute sur les capacités de cette violoniste réputée dans le répertoire contemporain. Louis Langrée assure un accompagnement soigné, plus proche de l’idéal que la prestation de Leila Josefowicz, qui remercie le public avec une page de Bach, choix banal mais logique, le concerto citant un choral du compositeur.


Un présentateur, qui introduit chaque œuvre du programme, avec un mélange convenu de décontraction et de pédagogie, explique que le public s’abstient traditionnellement d’applaudir entre les mouvements, mais que cela se pratiquait à l’époque. Par conséquent, que chacun se sente libre de procéder comme il l’entend dans la Quatrième Symphonie (1885) de Brahms : des spectateurs ne manqueront donc pas d’applaudir, assez mollement, du reste, au cours de l’exécution. Il aurait mieux valu préciser à la place que le dernier mouvement est construit sous la forme d’une passacaille, ce qui renforce l’unité du concert.


Le chef parvient à mettre en exergue la complexité de l’écriture au moyen d’une direction soucieuse de clarté, sans négliger le lyrisme. Cette interprétation bien calibrée préserve l’essentiel : la sonorité évocatrice, le souffle romantique, la vigueur de l’architecture. Le souci du détail et du raffinement laisse toutefois à désirer, l’orchestre ne se montrant pas tout à fait irréprochable. Les cordes n’affichent pas toute la constance et la séduction attendues, alors les cuivres, et dans une moindre mesure les bois, satisfont davantage.


Le site de Leila Josefowicz
Le site de l’Orchestre national de Lille



Sébastien Foucart

 

 

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