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Présences franco-chinoise

Paris
Radio France
02/06/2002 -  
Qigang Chen : Iris dévoilée
Richard Dubugnon : Arcanes symphoniques
Jean-Jacques Di Tucci : Antarès
Guillaume Connesson : Supernova

Wu Bixia (soprano), Ke Luwa (soprano), Ma Shuai (soprano de l'Opéra de Pékin)
Li Jia (pipa)
Chang Jing (zheng)
Wang Nan (erhu)
Orchestre National de France, Muhai Tang (direction)

Le programme du Festival Présences 2000 se poursuit avec un savant mélange d’œuvres contemporaines issus de Chine et de France.


Pour ce concert, l’ Orchestre National de France était dirigé par un chef Chinois, Muhai Tang. Avoir été identifié par Karajan il y a de cela une vingtaine d’années lors d’une visite historique que l’Orchestre Philharmonique de Berlin avait réalisé en Chine, Muhai Tang partage maintenant son temps entre son pays et l’Occident. Après quelques années d’études en Allemagne et après avoir été l’assistant de Karajan, il est probablement le seul chef à avoir fait son premier engagement en Europe … à la tête de la Philharmonie de Berlin. Il fait depuis une très brillante carrière à l’étranger et a assuré la direction musicale de plusieurs orchestres comme celui de la fondation Gulbenkian à Lisbonne. Bien qu’il ait dirigé plusieurs fois à Paris, c’est sa première rencontre avec le National et on ose espérer pas la dernière.


Qigang Chen est un élève de Messian. Iris Dévoilée, dont c’était la création mondiale est une suite de portraits musicaux décrivant l’ humeur d’une femme imaginaire, tour à tour, «Ingénue, pudique, libertine, sensible, tendre, jalouse, mélancolique, hystérique et voluptueuse». L’ œuvre est écrite pour orchestre classique, deux sopranos classiques complémentés par des instrumentistes issus de la chine : pipa, zheng et erhu ainsi que par une soprano de l’ opéra traditionnel de Beijing. L’ écriture orchestrale est très solide et réussit à mélanger savamment les timbres des musiciens occidentaux et chinois à merveille. Chen sait également composer de longues passages pour cordes avec beaucoup de poésie. Certaines des pièces sont des trésors d’ humour comme le passage «hystérique» ou de grâce, comme la très poétique première pièce «ingénue». Mention particulière à la soprano Wu Bixia, très émouvante dans ses solos.


Les Arcanes Symphoniques de Richard Dubignon étaient également crées lors de ce concert. Il s’agit d’un recueil de cinq pièces orchestrales assez ramassées et très denses. Si certaines pièces font beaucoup appel aux percussions, son écriture privilégie les cordes, en particulier un très beau solo de violoncelle et plusieurs ensembles pour les premiers pupitres.


Antarés de Jean-Jacques di Tucci est peut-être la pièce qui m’a le moins convaincu. On a eu du mal à percevoir la structure de la pièce en particulier de toute la partie centrale très percussive mais on doit cependant reconnaître la maîtrise très poussée du compositeur à pratiquer la klangfarbenmelodie à la Schoenberg.


Le concert se clôturait par Supernova de Guillaume Connesson. Je vais avouer ici ma surprise de ne découvrir que maintenant cette pièce, qui date de cinq ans, ainsi de son compositeur. N’y allons pas par quatre chemins, je n’avais pas entendu de tel chef-d’œuvre depuis 91, date précise où j’ai découvert Harmonium de John Adams. Il faut revenir tout simplement au Stravinsky du Sacre ou justement à Adams pour écouter une telle maîtrise de l’ écriture orchestrale. La première partie «quelques cercles» distille des sonorités très subtiles, notamment au niveau des instruments à vents, dans un style qui rappelle «l’adoration de la terre» du Sacre. L’ orchestre foisonne et se développe pour arriver à l’ éclatante deuxième partie, «Pulsating star» pleine d’ inventions rythmiques irrésistibles. Comme je découvre ce compositeur pour la première fois, je ne peux me référer qu’à cette pièce, mais elle démontre un art de l’ écriture orchestrale tout à fait extraordinaire et, à mon avis, inégalé à ce jour couplé à une inspiration pleine de vie et force. Ne nous y trompons pas, Guillaume Connesson est du même niveau qu’un Thomas Ades ou un John Adams et mérite d’être célébré comme ses pairs. Nous avons une chance unique d’avoir prés de chez nous un tel talent et je ne saurais trop encourager les organisateurs de concerts de ne pas hésiter à le programmer.




Antoine Leboyer

 

 

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