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Une exhumation réussie

Lyon
Auditorium Maurice Ravel
03/21/2022 -  
Luigi da Mancia : Il Paradiso perduto
Céline Scheen (Adamo), Floriane Hasler (Eva), Fabien Hyon (Il Dio), Virgile Ancely (Il Serpente), Ana Vieira Leite (L’Angelo), Dagmar Sasková (La Morte)
Le Concert de l’Hostel Dieu, Franck‑Emmanuel Comte (clavecin et direction)


(© Julie Cherki)


Depuis trente ans, le chef d’orchestre Franck‑Emmanuel Comte – avec son ensemble du Concert de l’Hostel Dieu qu’il a fondé en 1992 à Lyon – exhume des ouvrages baroques rares dont la Bibliothèque de la Capitale des Gaules regorge, notamment des manuscrits des XVIIe et XVIIIe siècles. Et c’est une petite pépite qu’il y a trouvé avec la partition d’un certain Luigi da Mancia, inconnu de ce côté‑ci des Alpes, mais qui a eu son heure de gloire en Italie où il a composé cet Oratorio di Adamo (Modène, 1697), rebaptisé en Il Paradiso perduto par le chef.


Cette œuvre en deux parties relate la chute d’Adam et Eve et leur exclusion du Paradis après qu’Eve a croqué dans la pomme, mais nous n’apprenons rien à personne. Grâce au niveau élevé et à l’implication totale des interprètes, nous sommes convaincus qu’il s’agit d’une partition de premier ordre valant la peine d’être connue. Et comme cet argument évoque quelque chose à presque tout le monde, il n’est pas étonnant que l’immense salle de l’Auditorium Maurice Ravel de Lyon soit remplie.


La rigueur musicologique et la direction passionnée de Franck‑Emmanuel Comte contribuent à rendre cette musique éloquente et vivante. Le concert bénéficie par ailleurs d’une mise en espace avec fumigènes au sol et tubes LED tombant des cintres (verts d’abord, rouges ensuite...), tandis que des micros et caméras sont installés un peu partout en vue d’un enregistrement pour l’éditeur Aparté et une future diffusion sur France Télévision. A la tête son ensemble, le chef se montre tout aussi capable de vigueur que de subtilité, veillant à ne pas trop accentuer le trait, tout en conservant une ligne directrice claire. Cette exécution décantée atteste une appropriation totale et approfondie de cette œuvre, et nous nous laissons ainsi envoûter, même sans posséder de connaissance particulière de ce répertoire ancien.


Les voix captivent à peu près toutes, avec une préférence pour celle de la soprano tchèque Dagmar Sasková qui en impose dans le rôle de la Mort, par sa présence autant que par sa voix corsée, et qui fait fi de ses vocalises ornées prises à un rythme d’enfer. Etonnamment, les parties d’Adam et Eve sont confiées à des femmes, et c’est Eve qui possède la voix la plus grave des deux. La jeune mezzo Floriane Hasler campe ainsi une Eve toute en légèreté, avec une voix ronde et caressante, à laquelle répond le timbre encore plus pur de Céline Scheen (Adam) : leurs deux voix délicates et pleine d’assurance se mêlent harmonieusement dans des duos (au I) qui vantent les charmes de l’amour. Le ténor Fabien Hyon s’affirme en Dio, et ses éclats de voix manifestent tout le courroux qui l’anime après que les amants ont commis leur forfait. En remplacement de Salvo Vitale, Virgile Ancely offre au sournois Serpent son timbre d’abord doucereux avant que ses graves menaçants prennent le dessus. Enfin, le timbre éthéré de la soprano portugaise Ana Vieira Leite convient à merveille au rôle de l’Ange qui lui échoit.


Visiblement conquis, le public lyonnais fait une véritable fête à tous ces merveilleux artistes au moment des saluts !



Emmanuel Andrieu

 

 

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