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Irrésistible

Paris
Athénée - Théâtre Louis‑Jouvet
03/18/2022 -  et 22 février (Compiègne), 6 (Tourcoing), 19, 20, 22*, 24, 27, 29, 31 mars 2022
Maurice Yvain : Là-haut
Mathieu Dubroca (Evariste Chanterelle), Richard Delestre (Frisotin), Judith Fa (Emma), Clarisse Dalles/Anne-Aurore Cochet* (Maud), Jean‑Baptiste Dumora (Saint Pierre), Olivier Podesta (Martel), Stéphanie Guérin, Faustine De Monès, Mathilde Ortscheidt, Marion Vergez-Pascal (Les Elues)
Les Frivolités Parisiennes, Nicolas Chesneau (direction musicale)
Pascal Neyron (mise en scène), Caroline Ginet (scénographie), Sabine Schlemmer (costumes), Philippe Albaric (lumières)


(© Les Frivolités Parisiennes)


Voilà bien longtemps que l’on n’était sorti d’une soirée avec des étoiles plein les yeux, irrigué des mélodies entraînantes de Maurice Yvain (1891‑1965) qui résonnent dans la tête comme autant de tubes des Années folles. Parmi les tous premiers succès de son auteur avec Ta bouche, Là- haut (1923) ne dut pas sa réussite à la seule présence de Maurice Chevalier, créateur du rôle d’Evariste, mais bénéficia surtout de la finesse des lyrics volontiers provocateurs d’Albert Willemetz, source d’un plaisir constant tout du long dans la satire bon enfant des croyances sur l’au‑delà. Adaptés au goût du jour, les dialogues restent fidèles à l’intrigue, elle‑même augmentée d’un prologue aussi endiablé que pertinent, tant il permet de brosser le caractère extraverti d’Evariste, avant sa mort. Ce prologue avec sa fanfare délurée sur le plateau apporte un vent de folie inattendu et permet à la mise en scène un effet de contraste avec la découverte du paradis, volontairement plus terne en comparaison avec ses allures de sanatorium empli de vieillards hagards. La scénographie épurée évite ainsi soigneusement d’alourdir la farce en réduisant les références divines, ici limitées au trousseau de clé d’un Saint Pierre grimé en curiste ou à l’aspect christique d’Evariste lors de son retour sur terre.


Avec beaucoup d’à‑propos, cette mise en scène de Pascal Neyron (déjà vivement applaudi in loco avec l’irrésistible Testament de la tante Caroline d’Albert Roussel, en 2019) apporte un soin particulier à la fluidité des transitions entre les scènes parlées et les airs et ensembles, tout en ajoutant quelques traits humoristiques, souvent confiés à l’excellent quatuor des Elues. Dans cet esprit, le plateau s’anime souvent de saynètes secondaires qui donnent beaucoup de vitalité à l’ensemble, sans jamais tomber dans le cabotinage.


Il faut dire que l’énergie déployée par le plateau vocal, très homogène, est un régal, tant il combine à merveille les nécessaires qualités théâtrales et chantées, demandées aux interprètes. A ce jeu‑là, Mathieu Dubroca donne une leçon d’aisance, tant le rôle d’Evariste semble avoir été écrit pour lui. On se délecte ainsi de son talent comique jubilatoire et de ses qualités d’articulation et de projection. A ses côtés, Richard Delestre compose un ange gardien tout aussi déluré, aussi impressionnant de justesse dramatique dans ses allures nerveuses et ses réparties volontairement nasillardes. On aime aussi grandement le Saint Pierre souvent ahuri de Jean‑Baptiste Dumora, qui offre un subtil mélange de noblesse et de fragilité à son rôle, tout en étant très solide vocalement. Les interprètes féminines principales assurent bien leur partie dans les airs et duos, même si le livret ne leur offre que peu d’opportunité de se distinguer au niveau théâtral.


On notera enfin le brio toujours savoureux de piquant et d’esprit de l’ensemble Les Frivolités Parisiennes, dirigé par un Nicolas Chesneau très en verve. Ce dernier donne beaucoup d’élan à l’ensemble par son attention aux moindres rebonds rythmiques, comme à l’articulation avec le plateau, jamais couvert. Un spectacle très réussi, à voir jusqu’au 31 mars, dans le cadre toujours aussi intime que délicieux de l’Athénée.



Florent Coudeyrat

 

 

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