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Marivaudage cruel

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
03/09/2022 -  et 12, 14, 16, 18, 20 mars 2022
Wolfgang Amadeus Mozart : Così fan tutte, K. 588
Vannina Santoni (Fiordiligi), Gaëlle Arquez (Dorabella), Cyrille Dubois (Ferrando), Florian Sempey (Guglielmo), Laurène Paternò (Despina), Laurent Naouri (Don Alfonso)
Chœur Unikanti, Gaël Darchen (chef de chœur), Le Concert d’Astrée, Emmanuelle Haïm (direction musicale)
Laurent Pelly (mise en scène, costumes), Chantal Thomas (scénographie), Joël Adam (lumières)


(© Vincent Pontet)


Marivaudage cruel, Così fan tutte de Mozart et Da Ponte s’installe au théâtre de l’avenue Montaigne dans une nouvelle mise en scène de Laurent Pelly avec une distribution entièrement française de jeunes chanteurs et formidables comédiens.


Désormais célèbre sur les scènes lyriques internationales pour ses réalisations des opéras‑bouffes et opérettes de Jacques Offenbach, Laurent Pelly s’attaque avec ce Così fan tutte au dernier volet de la trilogie de Mozart et Da Ponte. Il dispose pour cela d’une distribution homogène, jeune et engagée dramatiquement. S’ils n’ont pas tous le format vocal et la projection nécessaires pour leurs rôles, les quatre protagonistes de cet opera buffa ont tous un style mozartien parfait.


Vannina Santoni, Fiordiligi courte de projection mais virtuose dans ses airs ; Gaëlle Arquez, Dorabella plus à l’aise mais à la projection limitée ; Cyrille Dubois, Ferrando au magnifique phrasé et au timbre clair ; Florian Sempey, Guglielmo très à l’aise dans ce rôle à la mesure de sa tessiture. Laurène Paternó se démène un peu plus que nécessaire pour démontrer que Despina mène la danse et son timbre un peu nasillard ne séduit pas toujours ; Laurent Naouri force un peu le trait et n’a la classe requise pour faire décoller le personnage d’Alfonso ni physiquement, ni vocalement.


Mais ce sont tous d’excellents comédiens, très crédibles physiquement, qui se plient avec beaucoup de facilité grâce à une direction d’acteur millimétrée à cette transposition de l’œuvre dans notre siècle. Laurent Pelly reprend pour cela un procédé utilisé au Festival de Salzbourg en 2011 par le régisseur allemand Christof Loy  dans La Femme sans ombre: l’action se déroule dans un studio d’enregistrement (magnifique scénographie vintage de Chantal Thomas d’après un studio berlinois historique) où les six chanteurs en costumes de ville enregistrent l’œuvre entourés d’un très actif personnel de studio. Au fur et à mesure de l’enregistrement, les chanteurs se prennent à jouer leurs rôles en s’éloignant du protocole du studio, habilement utilisé comme une aire de jeu, pour laisser place à une représentation plus traditionnelle de l’œuvre, quitte à y revenir par instants, notamment quand l’action se fige sur un air. Laurent Pelly ne cherche pas à convaincre que cette histoire du XVIIIe siècle sous‑titrée L’Ecole des amants rédigée par l’abbé Da Ponte d’après un fait divers italien qui avait défrayé la chronique viennoise, pourrait être vraisemblable de nos jours. Il en exploite habilement les invraisemblances avec des travestissements d’époque mais les personnages sont si crédibles que tout fonctionne parfaitement dans les limites d’une vision du drame qui ne va pas toujours au fond de ses complexes replis psychologiques.


La réussite musicale de l’ensemble repose sur les épaules d’Emmanuelle Haïm, qui déploie une direction extrêmement énergique et acérée avec des tempi vifs, parfois trop, un continuo qui rend les récitatifs très vivants et donne une structure dramatique très efficace à la pièce. Les musiciens de son ensemble Le Concert d’Astrée tout comme le Chœur Unikanti répondent parfaitement à cette vision très réussie du plus grinçant des opéras de Mozart.



Olivier Brunel

 

 

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