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Diptyque féminin

Liège
Opéra royal de Wallonie
01/26/2022 -  et 29 janvier, 1er, 3, 6* février 2022
Umberto Giordano : Mese Mariano
Giacomo Puccini : Suor Angelica

Serena Farnocchia (Carmela, Suor Angelica), Violeta Urmana (Madre Superiora, La Zia Principessa), Sarah Laulan (Suor Pazienza, La Suora Zelatrice), Aurore Bureau (La Contessa, La Maestra delle Novizie), Julie Bailly (Suor Cristina, La Badessa, Une Cercatrice), Morgane Heyse/Chantal Glaude* (Suor Celeste), Louise Kuyvenhoven (Suor Genovieffa), Natacha Kowalski (Suor Maria, Una Cercatrice), Patrick Delcour (Don Fabiano)
Chœurs et Maitrise de l’Opéra royal de Wallonie, Denis Segond (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie, Oksana Lyniv (direction)
Lara Sansone (mise en scène), Francesca Mercurio (décors), Teresa Acone (costumes), Luigi Della Monica (lumières)


(© Opéra royal de Wallonie/Jonathan Berger)


Dans un orphelinat tenu par des religieuses, Carmela rend visite à l’enfant qu’elle a dû abandonner parce qu’elle a épousé un homme qui refuse la progéniture d’un autre. Apprenant le décès du garçon, la mère supérieure lui annonce que son fils ne peut pas la voir, car il répète dans la chorale les célébrations du Mois de Marie. Voilà l’argument bref et simple de Mese Mariano (1910), rare opéra d’une quarantaine de minutes de Giordano. L’associer avec le plus connu Suor Angelica (1918) de Puccini va de soi. Ces deux opéras en un acte presque contemporains partagent bien des points communs. Il y est, en effet, aussi question d’un enfant séparé de sa mère qui attend de le retrouver. Mais ici, cette dernière apprend sa mort, par sa tante, une froide et distante princesse, alors que le décès de son fils a été caché à Carmela.


Pour sa première mise en scène à l’opéra, Lara Sansone invoque humblement le respect du texte et de la musique, caractéristique revendiquée de pratiquement toutes les productions à l’Opéra royal de Wallonie depuis des années. Elle développe une lecture intelligente et pertinente de ces deux ouvrages, en cherchant à mettre en exergue ce qui les différencie en dépit de leur apparente similarité. Malgré une direction d’acteur plutôt soignée et des personnages suffisamment caractérisés, la dimension théâtrale demeure tout juste convaincante, comme si le genre intimidait quelque peu l’actrice et metteuse en scène napolitaine. La scénographie opte pour le réalisme. Le rideau s’ouvre ainsi sur de beaux décors richement ornés, admirablement éclairés, de surcroît, destinés à recréer fidèlement un contexte et un lieu. Le public admire sans doute, une fois de plus, les très beaux costumes confectionnés par les talentueux et productifs ateliers. Pourquoi n’avoir pas plutôt privilégié pour ces deux brefs ouvrages d’esthétique plutôt vériste, surtout celui de Giordano, une mise en scène plus dépouillée et suggestive ? Celle‑ci demeure toutefois parfaitement en phase avec l’esprit et le sujet de ces opéras.


La distribution présente la particularité de ne comporter qu’un seul chanteur masculin, le fidèle Patrick Delcour, qui donne vie au petit rôle de Don Fabiano dans Mese Mariano. Les femmes dominent donc le plateau, avec, dans chacun des opéras, deux importantes figures féminines, confiées aux mêmes chanteuses. Avec intensité et sensibilité, mais sans excès, Serena Farnocchia incarne Carmela, puis Suor Angelica, avec un tempérament dramatique évident. Malgré un vibrato parfois prononcé, la soprano arbore un timbre assez somptueux et une tessiture relativement large. La qualité des registres et des écarts ne laisse quasiment rien à désirer, celle du souffle et de la conduite de la ligne non plus, en particulier dans le grand air en forme de récit de Mese Mariano. Violeta Urmana ne manque pas d’impressionner en Mère supérieure, puis en Princesse, deux personnages marquants, surtout le second, dans lesquels elle concilie présence scénique, maîtrise vocale et justesse de l’expression. Les autres rôles plus en retrait sont soigneusement tenus. Il faut aussi saluer la belle performance des choristes, malgré le port du masque.


Oksana Lyniv se produit pour la première fois dans la fosse de l’Opéra royal de Wallonie. Elle devrait revenir : l’actuelle directrice musicale du Théâtre communal de Bologne dispense une direction nette et précise à la tête d’un orchestre souple et transparent, capable autant de puissance que de nuance, de lyrisme intense que d’évocation subtile. Au sein d’un d’orchestre transparent, les bois se distinguent tout particulièrement par leur finesse, dès le début de Mese Mariano, mais les autres pupitres affichent aussi beaucoup d’engagement et de maîtrise. Une production dans l’ensemble aboutie et une découverte intéressante : l’opéra fin et sensible de Giordano devrait être monté plus souvent, en l’associant, par exemple, à Cavalleria rusticana, un couplage que Mascagni a dirigé en personne au début du siècle dernier.



Sébastien Foucart

 

 

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