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Strauss ou la jubilation

München
Nationaltheater
01/29/2022 -  et 1er, 4, 10 février, 22 juillet 2022
Richard Strauss: Die schweigsame Frau, opus 80
Brenda Rae (Aminta), Christa Payer (La gouvernante), Lavinia Dames (Isotta), Tara Erraught (Carlotta), Franz Hawlata (Sir Morosus), Björn Bürger (Le barbier), Daniel Behle (Henry Morosus), Christian Rieger (Morbio), Tijl Faveyts (Vanuzzi), Tareq Nazmi (Farfallo)
Chor der Bayerischen Staatsoper, Stellario Fagone (chef de chœur), Bayerisches Staatsorchester, Stefan Stoltesz (direction musicale)
Barrie Kosky (mise en scène), Esther Bialas (décors, costumes), Benedict Zehm (lumières), Olaf A. Schmitt (dramaturgie


(© Wilfried Hösl)


Il est surprenant que l’on ne joue si peu cette Femme silencieuse. Strauss nous donne ici un opéra‑bouffe tout en restant lui‑même. Le livret de Stefan Zweig est pétillant avec une variété de personnages bien caractérisés et des ensembles pleins de vie. Plusieurs passages, comme le final du premier acte, sont simplement jubilatoires tandis que le duo entre Aminta et Henry ainsi que l’air final de Morosus feraient pleurer les pierres.


Cet opéra raconte les mésaventures de Sir Morosus, un ancien amiral hostile à tout bruit qui menace de chasser son neveu lorsque celui-ci arrive avec... sa troupe d’opéra... Tout finit par s’arranger grâce à un barbier plein d’imagination, même s'il ne s’appelle pas Figaro ,et surtout la bonté des protagonistes.


L’atout majeur de cette production est la mise en scène de Barrie Kosky. Le metteur en scène australien place l’œuvre dans un décor d’une grande simplicité. La scène s’ouvre sur le simple lit de Morosus surélevé, une sobriété qui contraste avec une direction d’acteurs superlative (ce même décor servira à une surprise au troisième acte que je ne veux pas révéler mais qui fait applaudir la salle...). Kosky s’en donne à cœur joie dans le premier acte, mettant sur la scène une cascade de personnages d’opéra. Ainsi Aminta est déguisée en Walkyrie, Isotta en Butterfly et Carlotta en Traviata. Autour d’elles se trouvent un Escamillo, Rigoletto, Wotan et dans les chœurs, Falstaff, Salomé, le cygne de Lohengrin, un serveur de chez Maxim’s, Tosca en robe rouge, des danseurs hyperactifs et, pour couronner le tout, un livreur de pizzas sur monocycle... Mais il n’y a pas de saturation de l’action qui reste très lisible et sert texte, musique et psychologie des personnages. Les chanteuses actrices s’amusent dans ce deuxième acte où l’on retrouve la parodie des accents autrichiens d’une Mariandl du troisième acte du Chevalier à la rose. Tout se remet en place dans le troisième acte qui inclut une parodie de procès jusqu’au retour au calme et à la sérénité.


Cette représentation avait certaines caractéristiques des premières de reprises, quelle soient à Munich ou ailleurs. Certains équilibres entre fosse et la scène ne sont pas encore là en particulier dans les airs d’Aminta au deuxième acte, Brenda Rae étant plus à son aise dans les parties italiennes à la Monteverdi du troisième. Le souffleur était bien audible au milieu du premier acte. Certains ensembles vont sûrement se bonifier avec plus de représentations. De la distribution, on retiendra surtout les superbes prestations de Daniel Behle, à nouveau très éloquent dans une partie assez difficile, ou celle de Björn Bürger, chanteur, acteur, danseur menant la barque. Si Brenda Rae dans le rôle-titre était assez inégale, ses comparses Lavinia Dames et Tara Erraught, qui sont moins exposées, étaient réjouissantes. Parmi les hommes, Tareq Nazmi se distingue par sa truculence. Franz Hawlata, déjà présent en 2010, n’a peut-être plus tout à fait les moyens d’antan mais il a l’intelligence du texte et sa prestation d’acteur est superbe … mais il déclame plus qu’il ne chante son rôle. Stefan Stoltesz mène son orchestre avec animation.


Les conditions sanitaires permettent de faire passer la jauge de 25 à 50 %. La salle était aussi pleine que possible. Il y aura cette année de nombreuses occasions de voir des mises en scène de Barrie Kosky. Le Bayerische Staatsoper reprendra sa production du Chevalier à la rose créée durant la pandémie la saison dernière mais surtout tout Munich attend avec impatience la nouvelle production de la Petite Renarde rusée de Janácek qui aura lieu demain



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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